Il est temps de se lever du canapé, ranger les chaussons et enfiler le survêtement. Depuis le 22 mai 2021 et une victoire du Real Madrid contre Villarreal en championnat, Zinédine Zidane n’est plus un entraîneur de football. Une éternité pour un coach avec son pedigree, qui avait entamé sa seconde carrière par trois sacres consécutifs en Ligue des champions (2016, 2017, 2018), et un second passage au Real moins fructueux.
Depuis, Zidane attend. C’est un secret de polichinelle que l’ancien N.10 des Bleus aspire à diriger l’équipe de France. En janvier 2023, dans la foulée de la Coupe du monde au Qatar, Didier Deschamps avait été prolongé jusqu’en 2026. Sauf catastrophe à l’Euro cet été, Zidane (51 ans) doit se faire une raison : les Bleus, ce n’est pas pour tout de suite. Inutile de rester en salle d’attente. Surtout quand le Bayern Munich laisse un message sur son répondeur.
Un défi sans une énorme pression
Mercredi, le club allemand, en crise sportive, a annoncé que Thomas Tuchel quittera la Bavière au terme de la saison. Deux jours plus tôt, Sky Sport Germany révélait que «Zizou» figurait sur les tablettes du Bayern. Une opportunité en or. L’ogre bavarois se dirige vers une première saison vierge de trophées depuis 2011-12. Ce serait un challenge pour Zidane, dans un grand club, mais sans une pression monstre, car difficile de faire pire.
Cette fois, Zidane ne doit pas dire non. Il l’a trop souvent fait.
Il a laissé passer Manchester United, prétendument car il n’est pas à l’aise avec l’anglais. Il ne s’est pas laissé tenter par l’Olympique de Marseille, son club de cœur, dont le standing n’est pas au niveau de ce à quoi il peut aspirer. Il a aussi ignoré le PSG, car l’attache ne serait pas assez forte, et la tâche bien complexe. Plus récemment, il n’a pas voulu du Brésil, et a selon RMC Sport refusé «poliment» l’Algérie, le pays de ses racines.
La barrière de la langue, une excuse qui ne tient pas
Tant de refus qui s’entendent plus ou moins. Le problème, c’est que reculer pour mieux sauter, certains l’ont expérimenté dans ce métier. Ils l’ont regretté. Laurent Blanc, après trois ans au PSG (2013-16), a attendu 2020 pour rebondir à Al-Rayyan, au Qatar. Manchester United lui avait pourtant tendu la main.
Avec le Bayern, Zidane, qui a vécu en Espagne et en Italie, pourrait encore sortir le prétexte de la barrière de la langue.
C’est sûr, l’allemand est moins transparent et plus dur à apprendre que l’anglais. Mais il est temps de se faire violence. Pep Guardiola (2013-16) s’en est très bien sorti, Carlo Ancelotti (2016-17) aussi. Il y a toujours moyen de s’arranger avec un adjoint, type Willy Sagnol, aujourd’hui sélectionneur de la Géorgie, qui en fut le coach intérimaire en 2017.
Finalement, qu’est-ce que Zidane a à perdre en signant au Bayern ?
Une mauvaise expérience ne lui fermerait pas les portes de l’équipe de France. Ça n’empêchera pas nécessairement le Real Madrid de le rappeler, encore une fois, quand Ancelotti partira.
Son aura est trop grande pour s’estomper au moindre accroc.
Il y a une part de risque, un peu d’inconnu, mais c’est aussi ce qui fait l’excitation. Au Bayern, où nombre de Français ont laissé de belles traces, de Papin à Ribery en passant par Lizarazu. Pour Zidane, il y a des raisons de se lancer. Il faut juste les voir.
Le Figaro