Bientôt de nouveaux antibiotiques pour combattre l’antibiorésistance ?

Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, nous parle aujourd’hui de nouveaux antibiotiques, ces médicaments anti-infectieux qui ont permis de sauver des millions de vies depuis la découverte du premier antibiotique, la pénicilline. De plus en plus de personnes dans le monde sont atteintes d’antibiorésistance.

franceinfo : Avant de nous parler de ces nouveaux antibiotiques, expliquez-nous ce qu’est l’antibiorésistance ?

Martin Ducret : L’antibiorésistance, c’est quand les bactéries évoluent et développent des mécanismes de défense qui leur permettent d’échapper à l’action des antibiotiques. En fait, ces médicaments anti-infectieux – qui ont permis de sauver des millions de vies depuis la découverte du premier antibiotique, la pénicilline, en 1928 – sont victimes de leur succès.

À force de mal ou de trop les utiliser, il apparaît de plus en plus de bactéries résistantes à leur action.

Du coup, les antibiotiques prescrits habituellement par le médecin dits « de première ligne », comme l’amoxicilline par exemple, peuvent ne pas être efficaces, il faut alors avoir recours à des antibiotiques plus puissants. Mais parfois, même ceux-là ne permettent pas de soigner l’infection, on parle alors « d’impasse thérapeutique ».

C’est pourquoi la recherche tente de trouver de nouveaux antibiotiques, pour limiter les impasses thérapeutiques ?

Oui, depuis quelques mois, les publications scientifiques sur des nouvelles catégories d’antibiotiques prometteurs se multiplient. La dernière en date, parue dans la revue Science, concerne la crésomycine, « un antibiotique avec une grande capacité d’adaptation et de flexibilité, qui lui permet de contourner de nombreuses formes de résistance développées par les bactéries », m’a expliqué le Dr Alexandre Bleibtreu, infectiologue à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.

Mais attention, il ne faut pas crier victoire trop vite ?

Oui, la crésomycine, tout comme d’autres nouveaux antibiotiques, ont montré des résultats positifs uniquement sur des bactéries en laboratoire et sur des souris. Des essais sur l’homme sont nécessaires pour vérifier leur efficacité et leur bonne tolérance, ce qui prend au moins 5 à 10 ans, avant de pouvoir les utiliser en routine.

Ensuite, il faut qu’un laboratoire pharmaceutique décide de les commercialiser, sachant que ce nouveau type de médicament, très spécifique, est peu lucratif.

Donc pour l’instant, retenez que la mesure probablement la plus efficace pour lutter contre l’antibiorésistance est d’utiliser les antibiotiques uniquement en cas d’infections bactériennes (et pas virales) et ce, d’autant plus dans le contexte de pénurie actuelle de médicaments.

franceinfo

You may like