Le système anti-piratage mis en place dans ce pays d’Europe est censé empêcher le streaming illégal de rencontres sportives. En quelques heures, il a rendu inaccessibles de nombreux sites sans rapport.
Dans la guerre sans fin entre les ayants droit et les pirates, les batailles concernant la retransmission illégale de rencontres sportives sont particulièrement violentes. En Europe, ce genre de streaming a explosé en 2022, obligeant les acteurs concernés comme la Premier League anglaise à faire preuve de fermeté.
Si chaque entité en charge d’une compétition sportive peut toujours déposer des demandes pour bloquer tel ou tel site pirate, un pays a décidé de créer une plateforme automatisée d’un nouveau genre.
Annoncée comme capable de mettre fin au streaming illégal des matchs de football, elle est mise ne place en Italie en août 2023, mais ne sert absolument à rien. La faute à un départ trop précipité. Finalement, le Piracy Shield, ou bouclier anti-piratage, est mis en place au début de l’année 2024.
L’idée est qu’un ayant droit soumette une adresse IP à bloquer.
Si la requête n’est pas annulée dans les 60 secondes, elle est envoyée à l’AGCOM, l’Autorité de régulation des communications italienne, où un processus automatique la valide ou non. Après acceptation, des ordres sont envoyés aux fournisseurs d’accès Internet, de DNS, d’hébergement de sites, de cloud… Tous doivent bloquer le site associé, et même les services comme Google doivent désindexer ses contenus.
LE SYSTÈME ANTI-STREAMING SPORTIF ILLÉGAL DE CE PAYS BLOQUE DES MILLIERS DE SITES LÉGITIMES SANS RAPPORT
Après une courte phase de test, le système se déploie totalement. Les premières semaines, tout se passe bien et le gouvernement se félicite du succès du service. Mais le dérapage, inévitable selon de nombreux experts, survient quand une demande de blocage concerne l’adresse IP 188.114.97.7 gérée par Cloudflare. Le problème, c’est qu’elle est partagée par 42 243 794 sites. On se doute que l’immense majorité n’a rien à voir avec le streaming illégal de matchs de foot.
Résultat : au moins la moitié des sites personnels italiens deviennent inaccessibles.
Et les particuliers ne sont pas les seuls touchés. La page Web d’une entreprise de télécoms, celle d’une association caritative et celles de plusieurs écoles du pays font les frais du bouclier anti-piratage. Environ 5 heures après, la requête incriminée a disparu de la plateforme selon des sources. Tant mieux pour les sites injustement bloqués, mais cette manœuvre correctrice ne serait pas légale.
L’une des personne touchée a demandé à l’AGCOM les informations concernant l’incident, ainsi que la démission de son président “pour négligence caractérisée dans la mise en œuvre du projet Piracy Shield“. L’institution n’a pas fait de commentaire au moment de publier cet article.
TorrentFreak