Six semaines après la signature d’un accord de protection forestière de 50 millions de dollars avec des donateurs, la République du Congo a donné le feu vert à l’exploration pétrolière dans le parc national de Conkouati-Douli, la zone protégée la plus riche en biodiversité du pays et domicile des communautés de pêcheurs depuis au moins le XIIIe siècle.
La décision du 18 janvier 2024 par le Conseil des ministres du Congo d’accorder un permis à « China Oil Natural Gas Overseas Holding United » est une violation du décret présidentiel de 1999 établissant Conkouati, qui interdit, entre autres, l’exploration et l’exploitation pétrolières dans le parc et sa zone tampon, a relevé un communiqué diffusé à Yaoundé au Cameroun le 26 février 2024.
Selon la source officielle, cette décision représente une nouvelle source d’embarras pour les donateurs qui font semblant de protéger les forêts et la biodiversité du Congo, en blanchissant le régime de Sassou aux frais des contribuables européens.
C’est également un coup dur pour leur idéologie de conservation fortifiée défaillante. De l’avis du Dr Fabrice Lamfu Yengong, défenseur de la forêt pour la campagne du Bassin du Congo chez Greenpeace Afrique, « alors que le Nord mondial continue de soutenir des écogardes armés au Congo et ailleurs, connus pour leurs violences contre les populations locales sur leurs terres ancestrales, son amour de la nature s’arrête avant de critiquer les multinationales du pétrole, du bois et de l’exploitation minière ».
Les principaux donateurs institutionnels de Conkouati incluent l’UE, l’Agence française de développement (AFD) et le Fonds pour l’environnement mondial administré par la Banque mondiale, a listé le communiqué officiel.
L’UE est particulièrement compromise. En septembre 2022, elle a signé un accord de financement de 800 000 euros avec l’ONG française Noé pour « assurer la gestion durable » de la flore et de la faune du parc. Un mois plus tard, lors du Sommet des Trois Bassins Forestiers Tropicaux à Brazzaville, le Commissaire européen à l’environnement a signé une « Feuille de route du partenariat UE-Congo pour la forêt » visant à « sauvegarder les forêts congolaises et soutenir le développement de chaînes de valeur durables ».
L’accord était « appuyé par un montant supplémentaire de 25 millions d’euros », a tweeté le Commissaire.
Rappelons qu’en décembre 2023, lors de la COP28, l’Union européenne (UE), la France et quelques donateurs privés se sont engagés dans un « Partenariat de 50 millions de dollars pour les écosystèmes forestiers, la nature et le climat au Congo ». Une semaine plus tard, le ministre des Mines a délivré un permis de prospection aurifère de 1 500 hectares dans la zone tampon de Conkouati à la société pétrolière chinoise Zhi Guo Pétrole.
De son côté, la Norvège partage également la responsabilité du pillage de Conkouati.
En 2019, l’Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale (CAFI) dirigée par la Norvège a signé une Lettre d’intention de 65 millions de dollars avec le Congo. Cela appelait simplement à « minimiser l’impact » du pétrole et de l’exploitation minière sur les forêts, sans mentionner les intérêts de la Norvège dans le secteur pétrolier du Congo.
Aujourd’hui, la société norvégienne Petronor réalise des affaires record en offshore.
En septembre 2023, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a ajouté le parc national d’Odzala-Kokoua du Congo à sa liste du patrimoine mondial, ignorant mystérieusement la recommandation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) de reporter cette décision.
Pendant des années, le parc (entouré de concessions forestières) a été le théâtre d’atrocités commises par des écogardes sous la direction de la société sud-africaine African Parks. Le 7 février 2024, le ministre des Forêts du Congo a annoncé que le Président avait ordonné la construction d’une nouvelle route pavée à Odzala. Cela devrait faciliter le travail de cette milice.
« Quand les donateurs apprendront-ils que le blanchiment écologique de la kleptocratie ne fait que l’encourager ? » se demande et conclut le Dr Lamfu dans le communiqué de presse.
VivAfrik