Plus de 300 réfugiés statutaires africains ont été évacués du camp de Cavani, à Mamoudzou, à Mayotte, vers la métropole en ce début de semaine. Parmi eux, près de 200 sont déjà hébergés au château de Thiverval-Grignon, dans les Yvelines, qui a été réquisitionné pour l’occasion.
Quelque 195 réfugiés africains ont été transférés de Mayotte à Paris lundi 26 février. Pris en charge par La Croix-Rouge puis par l’association Emmaüs, ils seront hébergés au moins jusqu’à mi-mars à Thiverval-Grignon (Yvelines), dans un château appartenant à l’État.
Ils font partie du contingent de 308 migrants qui ont été évacués du camp de Cavani, dans la capitale Mamoudzou.
Tous sont originaires d’Afrique continentale : RDC, Rwanda ou encore Somalie. Entre le 1er janvier et le 1er décembre 2023, près de 1 500 exilés originaires de ces pays ont déposé une demande d’asile à Mayotte, soit un tiers de plus qu’en 2022, d’après les chiffres de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra).
Ceux transférés au château de Thiverval-Grignon « sont essentiellement des familles ou des femmes seules », a indiqué une source préfectorale au Parisien. Aucun arrivant n’est en situation irrégulière. Interrogée par le quotidien, Nadine Gohard, la maire de cette commune de 1 100 habitants a regretté le caractère soudain de cette réquisition : « Je ne peux que m’étonner de la soudaineté et l’urgence de cette demande ».
La situation n’est pourtant pas inédite pour ce domaine de 300 hectares. Fin 2022, le château avait déjà accueilli quelque 200 migrants et sans-abris, provoquant des manifestations d’extrême droite.
Évacuation du camp de Cavani
Ce transfert découle de l’évacuation, depuis fin janvier, du camp de Cavani, devenu depuis plusieurs mois une source de tensions à Mayotte. L’installation de plusieurs centaines de migrants dans l’enceinte de ce stade a été le point de départ, en janvier, de blocages et de barrages routiers paralysant toujours en partie l’archipel de l’océan Indien. Les collectifs citoyens à l’origine de ces perturbations dénoncent l’insécurité et l’immigration dans ce département qui est déjà le plus pauvre de France.
Mi-janvier, le ministre de l’Intérieur a annoncé le démantèlement du camp qui s’est déroulé en plusieurs vagues à partir de fin janvier, avant de reprendre avec plus d’ampleur le week-end dernier.
Pour l’instant, 308 migrants ont été évacués vers la métropole, 14 ont été déboutés vendredi de leur demande d’asile et renvoyés vers leur pays d’origine – principalement l’Afrique des Grands lacs – tandis que 410 migrants demeurent toujours sur place, selon la préfecture de Mayotte.
Le bouche-à-oreille ayant fait son effet, près d’un millier de migrants venus de toute l’île se sont finalement donné rendez-vous près du stade dans le week-end avec l’espoir d’être évacués en métropole. La nouvelle ministre des Outre-mer Marie Guévenoux doit se rendre à Mayotte ce mercredi.
Fin du droit du sol à Mayotte
Après l’opération Wuambushu au printemps 2023, Mayotte est revenu dans l’actualité le 11 février lorsque Gérald Darmanin a annoncé son souhait de supprimer le droit du sol sur le territoire, via une révision constitutionnelle. Le ministre de l’Intérieur espère ainsi calmer les tensions sur ce territoire où un habitant sur deux est étranger.
« Il ne sera plus possible de devenir Français si on n’est pas soi-même enfant de parents français », a-t-il détaillé, ajoutant vouloir « couper l’attractivité » que peut avoir Mayotte.
Le droit du sol avait déjà été restreint à Mayotte avec la loi Asile et Immigration de 2018.
Depuis, un enfant né sur l’archipel peut uniquement devenir Français à sa majorité s’il remplit la condition de résidence de cinq ans et si un de ses parents a résidé de manière régulière sur le sol de Mayotte depuis au moins trois mois de manière ininterrompue.
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