Attentat du marché de Noël de Strasbourg en 2018 : voici les enjeux du procès qui ouvre ce jeudi

Emergency workers escort a woman after a shooting near the Christmas market in Strasbourg, eastern France, on December 11, 2018. - A gunman killed at least two people and seriously injured another 11 near the famed Christmas market in the French city of Strasbourg before fleeing the scene, security officials said. Police launched a manhunt after the killer opened fire at around 7pm local time (1800 GMT), sending crowds of evening shoppers fleeing for safety. (Photo by Abdesslam MIRDASS / AFP) FRANCE-ASSAULT-CRIME

Quatre hommes sont jugés, à compter de ce jeudi 29 février, par la cour d’assises spéciale, pour leur implication dans l’attaque terroriste au marché de Noël, qui a fait cinq morts en 2018. L’assaillant avait été abattu par la police après 48 heures de traque.

Un nouveau grand procès d’attentat islamiste s’ouvre ce jeudi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Celui de l’attaque terroriste du marché de Noël 2018 de Strasbourg, qui avait fait cinq morts. Quatre hommes soupçonnés d’avoir apporté une aide à l’assaillant abattu par les policiers, sont jugés jusqu’au 4 avril.

Cinq morts, onze blessés

Déambulant dans les rues, il avait ouvert le feu au hasard sur des passants, en criant « Allah Akbar ». Tuant, en dix minutes, un musicien strasbourgeois d’origine polonaise de 36 ans, un journaliste italien de 29 ans, une touriste thaïlandaise de 45 ans, un retraité de 61 ans et un garagiste alsacien d’origine afghane, âgé de 45 ans.

Onze autres personnes avaient été blessées, avant que le djihadiste, touché par les tirs de militaires de l’opération Sentinelle, réussisse à s’engouffrer dans un taxi. Intimant au chauffeur, Mostafa Salhane, de l’emmener dans le quartier du Neudorf. Le conducteur le voyant blessé, réussit alors à le convaincre de s’arrêter pour le soigner.

Et profite d’un moment d’inattention pour partir et se rend au commissariat.

L’homme a aidé à l’identification de l’assaillant, dont le domicile avait fait l’objet, le matin même, d’une perquisition de la gendarmerie dans le cadre d’une enquête pour braquage et tentative d’homicide. Après 48 heures de traque, Chérif Chekatt est, repéré dans le quartier du Neudorf et tué dans un échange de tirs avec les policiers.

L’attentat a été revendiqué le lendemain par l’organisation État islamique (EI). Une revendication « opportuniste », selon les enquêteurs, dont les investigations « n’ont pas permis d’établir de lien » entre le djihadiste et l’EI. Ils ont toutefois trouvé, lors d’une perquisition chez lui, une clé USB sur laquelle il s’était filmé prêtant allégeance à Daech.

Une seule qualification terroriste

Rapidement l’enquête a conduit à mettre en examen cinq hommes soupçonnés d’avoir permis la fourniture d’armes à Chérif Chekatt. Tous ont été renvoyés devant la cour, mais une disjonction a été ordonnée après une expertise médicale pour l’un d’eux, âgé de 84 ans. Il pourrait être jugé, seul, ultérieurement.

La qualification terroriste n’a été retenue que pour un seul des mis en cause : Audrey Mondjehi, 42 ans, proche de Chekatt, qui comparaît détenu notamment pour complicité d’assassinats et de tentative d’assassinats terroristes. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Selon les juges d’instruction, il a joué « un rôle indispensable dans la fourniture d’une arme », alors qu’il « ne pouvait ignorer, voire qu’il partageait, tout ou partie des convictions radicales de Chérif Chekatt ». Ce qu’il conteste. « Audrey Mondjehi ne doit pas être un exutoire à la peine des victimes et ne doit pas être condamné parce que Chérif Chekatt n’est pas là, souligne son avocat, Me Michaël Wacquez. Il ne faudrait pas que ce soit le coupable idéal alors qu’il n’a rien fomenté dans un cadre terroriste ».

Trois hommes jugés pour association de malfaiteurs

Les trois autres, âgés de 34, 37 et 39 ans, libres sous contrôle judiciaire, sont jugés pour association de malfaiteurs. Eux encourent dix ans d’emprisonnement.

Les parties civiles « sont satisfaites que ce procès se tienne enfin », selon Me Claude Lienhard, avocat de plusieurs dizaines de personnes : « L’instruction a été perçue comme très longue. Il y a une crainte que ce soit un procès low cost par rapport à d’autres procès d’attentats car beaucoup ont l’impression d’avoir été oubliés ».

Le procès prévu jusqu’au 4 avril

Les premiers jours du procès seront consacrés aux auditions des enquêteurs et experts. Les témoignages des parties civiles débuteront vendredi 8 mars et se poursuivront jusqu’au 13 mars.

La cour d’assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels, examinera ensuite le parcours et la personnalité de chacun des accusés jusqu’au 18 mars. Les interrogatoires au fond sont prévus du 20 au 25 mars.

Les plaidoiries des parties civiles sont programmées les jeudi 28 et vendredi 29 mars. Le réquisitoire du parquet national antiterroriste devrait avoir lieu le 2 avril. Suivront les plaidoiries de la défense. Le délibéré est attendu le jeudi 4 avril.

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