Pour l’agence américaine de notation, les performances budgétaires ne suffisent pas. Il faut aussi garantir une stabilité politique, dans un contexte mondial où les démocraties sont sérieusement mises à l’épreuve.
Dans une analyse récente, Moody’s a décidé de maintenir une note sévère (Caa) à l’égard du Cameroun et ce, en dépit des projections de stabilité sur sa dette jusqu’en 2027. L’agence américaine de notation justifie sa position par des risques politiques, notamment liés à l’alternance au pouvoir.
« Outre une gestion des finances publiques jugée faible, notre notation reflète les risques de déstabilisation politique suite à l’absence d’un plan crédible de succession présidentielle. Une transition chaotique pourrait mener à des retards de paiements de la dette », explique Moody’s.
L’agence évoque aussi deux incidents de paiements tardifs envers la BEI en 2023.
Il s’agit en effet d’un retard d’un et cinq jours, survenus respectivement en août et septembre de cette année-là. Bien que minimes (moins de 0,003% du PIB), les analystes de Moody’s estiment que ces deux situations témoignent d’une fragilité dans la gestion budgétaire du pays.
Pourtant, le Cameroun a affiché des signes de responsabilité fiscale. Son ratio dette/PIB ne devrait pas dépasser 44%, d’ici 2027.
La maturité moyenne de sa dette en devises est de 7 ans et le service de cette dette ne devrait représenter que 4,8% des recettes en moyenne sur la période. Parmi les autres efforts notables, la hausse de 15% des prix du carburant qui pourtant alimentent l’inflation.
La décision conséquente d’accorder des hausses de salaires de 5% aux fonctionnaires et autres travailleurs du secteur public, tout en réduisant certaines taxes pour soutenir l’économie, constitue autant de ponction sur un budget public qui est déjà assez modeste, si on le compare à celui de la Côte d’Ivoire qui présente le même profil en termes de population que le Cameroun.
Malgré ces efforts et une gestion prudente de l’endettement, Moody’s classe toujours le pays en catégorie Caa, ce qui soulève des questions alors que des pays plus risqués bénéficient de meilleures notes.
Pour l’instant, les autorités camerounaises ne prévoient pas de retourner sur les marchés internationaux après un emprunt de 200 millions d’euros auprès d’Afreximbank.
Cette position peu optimiste a pesé sur les eurobonds actuels du Cameroun. Les rendements attendus des investisseurs ont légèrement augmenté, signalant que le message d’inquiétude a bien été reçu. C’est le cas notamment de l’eurobond émis en novembre 2015 et pour lequel il reste encore 102 millions $ à rembourser, d’ici novembre 2025, selon des données consultées par l’Agence Ecofin.
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