Cameroun : Comment mettre efficacement en œuvre la couverture sanitaire universelle ?

La nécessité d’instaurer une couverture sanitaire universelle (CSU) pour les populations est d’abord d’ordre moral : il est inacceptable que pour des raisons de coûts (d’ailleurs limités), la majorité de la population dans un pays soit confrontée à la mort, au handicap, à la mauvaise santé ou à l’appauvrissement, cela est encore plus vrai en ces temps de coronavirus.

Selon l’OMS, près de la moitié de la population mondiale ne bénéficie pas d’une couverture complète des services de santé essentiels. Chaque année, 100 millions de personnes sombrent dans la pauvreté extrême (c’est-à-dire, vivant avec 1,9 dollar par jour ou moins) à cause des dépenses de santé, entièrement laissées à leur charge. Plus de 930 millions de personnes (environ 12 % de la population mondiale) dépensent au moins 10 % de leur budget pour payer les soins de santé. Tous les États Membres des Nations Unies ont décidé d’essayer d’atteindre la couverture sanitaire universelle d’ici 2030, dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD).

Le Cameroun avait prévu une santé pour tous en 2000. Actuellement au Cameroun, c’est le système d’assurance maladie volontaire qui est appliqué à travers des compagnies d’assurance privées et des mutuelles communautaires de santé. La fraction de la population vivant au Cameroun et couverte par un mécanisme assurantiel pour le risque maladie était estimée à 0,1% en 2006. En Afrique sub-saharienne, la performance du Cameroun en matière de couverture du risque maladie est la plus faible. La question de la couverture sanitaire universelle (CSU) a fait l’objet d’une séance plénière spéciale à l’Assemblée nationale le 23 juin 2021.

Le ministre de la Santé, est venu rendre compte de la mise en œuvre de ce nouveau système au Cameroun, à la représentation nationale. Un projet de loi est à l’étude. Pour le Directeur Général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) du Cameroun, « On ne peut pas mettre sur pied un système de couverture santé universelle sans étude actuarielle. C’est un préalable absolu. Il faut pouvoir envisager le long terme (20-30 ans). Sans cette visibilité, il serait illusoire d’envisager un système solide ». Cette étude actuarielle permettra notamment de ressortir les modes de financement ainsi que les structures de gestion. En attendant la mise en place du système camerounais de couverture sanitaire universelle (CSU), nous suggérons l’instauration d’un système d’assurance maladie obligatoire à travers les compagnies d’assurance privées, pour les entreprises et les corporations professionnelles.

Par ailleurs, l’Etat pourrait organiser l’assurance maladie privée pour les très nombreux « travailleurs » du secteur informel. Par exemple dans le secteur des télécommunications, l’Etat à travers l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) pourrait exiger aux compagnies de téléphonie mobile opérant dans le pays, et dont une grande partie du chiffre d’affaire est réalisé par les « call-boxeurs », de donner une couverture d’assurance maladie à ces derniers ; l’impact social d’une telle décision serait immense avec un coût nul pour l’Etat, et peu élevé pour les compagnies de téléphonie mobile qui souscrivent des assurances privées.

Il en est de même des chauffeurs de taxi à travers leurs syndicats, etc. Par ces mesures une grande partie de la population aura une assurance maladie, et l’Etat devra donner une couverture d’assurance maladie aux populations non prises en charge par des assurances maladies privées

Source: journalducameroun

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