Pérou: le premier ministre démissionne, soupçonné de trafic d’influence

Peruvian Prime Minister Alberto Otarola signs a notebook prior to an extraordinary meeting of the Organization of American States (OAS) in Washington, D.C, USA, 18 October 2023. The Prime Minister of Peru, Alberto Otarola, asked the Inter-American Commission on Human Rights (IACHR) this Wednesday to dismiss the lawsuits filed by two terrorist leaders against the Peruvian State for alleged violation of their rights. This was revealed by Otarola during a speech he gave before the Permanent Council of the OAS. EFE/Lenin Nolly //EFE_20231018-03f16db00a6d48ac7c7364263cce5f39f67826df/Credit:Lenin Nolly/EFE/SIPA/2310190031

Le premier ministre péruvien, Alberto Otarola, a annoncé mardi sa démission après l’ouverture d’une enquête pour trafic d’influence à la suite de la diffusion d’enregistrements audios le compromettant. Ce proche de la présidente Dina Boluarte avait pris ses fonctions en décembre 2022 à la suite de la formation d’un nouvel exécutif après la destitution du président précédent, Pedro Castillo, suivie de manifestations réprimées dans le sang.

«Lors d’une conversation avec la présidente de la République, j’ai annoncé ma décision de démissionner», a déclaré Alberto Otarola lors d’une conférence de presse à Lima mardi. Les partis d’opposition réclamaient à l’unisson le départ du dirigeant de 57 ans visé par une enquête pour trafic d’influence. Alberto Otarola, qui a dû interrompre mardi une visite officielle au Canada pour rentrer au Pérou, a nié toute irrégularité.

La présidence a souligné que cette décision était motivée par la volonté de donner de «la tranquillité d’esprit à la présidente Boluarte», et offrir à celle-ci la possibilité de remanier son cabinet.

Alberto Otarola était dans la tourmente depuis la diffusion dimanche par la chaîne Panamericana Television d’enregistrements où on l’entendait s’entretenir amoureusement avec une jeune femme identifiée comme étant Yazire Pinedo, qui a obtenu cette année deux contrats d’une valeur totale de quelque 14.000 dollars pour effectuer des travaux d’archivage et d’administration pour le gouvernement.

«Tu sais que ces choses sont ennuyeuses, qu’elles sont pénibles, mais tu sais aussi que je t’aime», l’entend-on dire, dans ce qui a été présenté comme une allusion aux formalités administratives liées à l’obtention de ces contrats.

«Gravité des circonstances politiques»
Alberto Otarola a nié toute violation du droit du travail péruvien ou tout autre acte répréhensible, et a attribué la révélation de ces enregistrements à ses adversaires politiques. Il a déclaré avoir décidé de quitter son poste pour éviter que la «bassesse» de ses ennemis n’affecte la «gouvernabilité du pays».

«Je me soumettrai bien sûr à toutes les enquêtes, mais l’avis des experts sera absolument clair quant à la manière grossière dont ces enregistrements ont été montés et présentés au public», a-t-il martelé lors de la conférence de presse. Lundi sur le réseau social X, il avait affirmé comprendre «la gravité des circonstances politiques», tout en soulignant n’avoir «rien fait d’illégal».

Mardi, Yazire Pinedo avait reconnu avoir eu une brève «relation peut-être sentimentale» avec lui, tout en affirmant que les conversations divulguées remontaient à 2021, avant que Alberto Otarola, marié et père de cinq enfants, ne soit premier ministre.

L’arrivée au pouvoir, de Dina Boluarte et Alberto Otarola a été marquée par de longs mois de contestation de partisans de Pedro Castillo, qui avait été destitué après une tentative ratée de dissoudre le Parlement en décembre 2022. La répression des manifestations a fait plus de 50 morts.

En novembre, le parquet général a saisi le Congrès d’une plainte contre les deux dirigeants pour leur rôle présumé dans cette répression. Emprisonné, Pedro Castillo a pour sa part vu requérir 34 ans de prison à son encontre en janvier pour tentative de «coup d’État».

lefigaro

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