L’hôpital Foch (Suresnes), impliqué de longue date dans la prise en charge des pathologies de la voix, ouvre un lieu multidisciplinaire entièrement dédié, entre soins médico-chirurgicaux, rééducation, recherche et enseignement. On y pratique la laryngologie interventionnelle sur patient éveillé, une procédure sous anesthésie locale qui permet d’intervenir sur les cordes vocales avec un résultat immédiat au niveau de la voix pour le patient. Explications.
Un centre médical entièrement dédié à la voix. Voilà ce que propose désormais l’hôpital Foch (Suresnes) structurant ainsi son offre de soins déjà existante dans la prise en charge de toutes les pathologies affectant la voix, tant au niveau de la communication que de la déglutition.
Six médecins, trois orthophonistes et plusieurs chercheurs du CNRS pour retrouver sa voix
Six médecins, trois orthophonistes et plusieurs chercheurs du CNRS (Laboratoire de Phonétique et de Phonologie, Université Sorbonne Nouvelle) travaillent ensemble autour de patients dont la voix lâche, et ce pour de nombreuses raisons.
« Depuis déjà plusieurs années, près de 3.000 personnes en provenance de France et aussi de l’étranger viennent ici en consultation, détaille le Pr Stéphane Hans, chef du service Orl. A travers ce centre de la voix, nous souhaitons aller encore plus loin en proposant un espace dédié, au sein de l’hôpital, pour les patients souffrant de pathologies ORL, améliorer leur parcours de soin et donner un nouvel élan à la recherche à travers les travaux de nos professionnels de santé.
Nous sommes aujourd’hui l’un des services les plus en avance sur ces sujets et accompagnons des patients très variés, notamment ceux qui ont fait de la voix leur outil de travail : chanteurs, comédiens, journalistes, avocats, enseignants, etc. ».
Les pathologies ici traitées sont en fait très variées : du simple kyste ou nodule inflammatoire (granulome) développé sur les cordes vocales à la lésion tumorale ou encore aux malformations du larynx, aux atteintes du nerf laryngé ou encore aux modifications de la voix (dysphonies) liées à la maladie de Parkinson.
Intervenir sur des cordes vocales avec un résultat immédiat
Point fort du lieu, une expertise chirurgicale reconnue de longue date reposant sur une approche minimale invasive, entre micro-chirurgie au laser et chirurgie robot-assistée. Des techniques qui garantissent une préservation des fonctions de cette zone dite carrefour aéro-digestif et phonatoire, impliquant la voix comme la déglutition.
Exemple avec une prise en charge opératoire très innovante pratiquée dans de très rares centres (Marseille, Bordeaux) : la « laryngologie in office » dite aussi « laryngologie interventionnelle chez le patient éveillé ».
Une procédure sous anesthésie locale qui permet d’intervenir sur des cordes vocales avec un résultat immédiat au niveau de la voix pour le patient.
« Trois types de gestes peuvent être réalisés sous anesthésie locale en consultation, détaille le Pr Hans.
Soit la réalisation d’injections au niveau des cordes vocales (d’acide hyaluronique, de toxine botulique ou de corticoïdes selon les cas), soit le retrait d’un polype sur les cordes vocales en ayant recours à une fibre laser souple, soit la réalisation de biopsies en cas de lésion suspecte ».
« 50% des patients qui souffrent de reflux laryngo-pharyngé connaissent une errance diagnostique »
Le centre a aussi développé, sous l’impulsion du Pr Jérôme Lechien, une expertise toute particulière du reflux dit laryngo-pharyngé (RLL).
Différent du reflux gastro-œsophagien (RGO), la remontée de liquide acide de l’estomac vers l’œsophage, le RLL remonte lui encore plus haut, au niveau du fameux carrefour aérodigestif. Il touche 30% de la population européenne, peut transformer la voix et avoir des conséquences majeures sur la qualité de vie des patients.
« 50% des patients qui souffrent de reflux laryngo-pharyngé connaissent une errance diagnostique car on leur parle de reflux gastro-œsophagien et leur prescrit un traitement insuffisamment adapté », explique le Pr Lechien.
Le centre propose un bilan dédié avec un examen spécialisé, la PH-impédancemétrie, et a « mis au point un régime sur mesure (pas de gras, de crudités, de boissons pétillantes, de café, de viennoiseries), permettant une réduction de 54% la prévalence de ce reflux et sans médicament », précise le communiqué de l’hôpital.
sciencesetavenir