Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a notamment été accusé d’avoir fait une « quenelle » dans l’hémicycle.
De la tension, il y en avait sur les bancs de l’hémicycle. L’Assemblée nationale a offert un spectacle peu reluisant ce mercredi 6 mars lors d’un débat portant sur un texte contre le racisme et l’antisémitisme qui a finalement été adopté à l’unanimité des 107 votants.
Mais avant son adoption, le texte visant notamment à renforcer les peines pour « provocations, diffamations et injures non publiques à caractère discriminatoire » en en faisant des délits, aura surtout illustré les fractures béantes entre les Insoumis, le camp présidentiel, la droite et le Rassemblement national.
« Quenelle » dans l’hémicycle
À l’instar du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti qui s’est emporté après des débats à rallonge en pointant du doigt les députés LFI et RN : « Nous sommes ici pour adopter un texte contre le racisme et l’antisémitisme, vous n’en voulez pas, vous n’en voulez pas ».
Le garde des Sceaux n’a pas manqué de s’en prendre aux élus de la France insoumise, accusés de vouloir « complaire à (un) électorat islamiste », reprochant au passage à Jean-Luc Mélenchon d’avoir dit sur X que la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, était allée « camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre » à Gaza.
Et après la gauche, c’est à l’extrême droite qu’Éric Dupond-Moretti s’est attaqué, rappelant le sombre héritage du parti de Marine Le Pen.
« Vous oubliez de rappeler que l’antisémitisme, il vient aussi de votre parti fondé par un Waffen-SS », a lâché le ministre avant une passe d’armes particulièrement virulente avec le député RN Julien Odoul.
Ce dernier a accusé le ministre de la Justice d’avoir effectué une « quenelle antisémite » (bras tendu vers le bas et main opposée posée sur l’épaule) dans l’hémicycle. Popularisée par le polémiste Dieudonné, elle était qualifiée par l’ex-humoriste de geste « antisystème ».
« C’est vous qui l’avez inventée, la quenelle », a répondu le ministre, comme vous pouvez le revoir dans la vidéo ci-dessous, en reproduisant le geste et en fustigeant l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, condamné pour « injure publique » après la diffusion en 2019 sur internet d’un cliché le montrant effectuant ce geste.
De quoi provoquer une suspension de séance face au tollé provoqué par cet échange musclé.
Malgré une Assemblée nationale clairsemée ce mercredi soir, c’est dans cette atmosphère surchauffée que le député LR Meyer Habib s’est lui aussi emporté lors d’une lecture d’insultes antisémites qu’il reçoit quotidiennement.
Défendant un amendement de ce texte, le député a souhaité remettre au ministre de la Justice ces lettres antisémites.
Problème, il est interdit de transmettre des documents de personne à personne au sein de l’hémicycle. Ce qui a offert une scène de flottement rare où Meyer Habib a été éconduit par les huissiers du Palais Bourbon alors que le Garde des sceaux semblait vouloir le laisser faire, comme vous pouvez le voir en vidéo ci-dessous.
Mathieu Lefèvre a d’ailleurs été le dernier à s’exprimer en tant que rapporteur et auteur du texte, offrant un constat amer, malgré un scrutin qui aura été favorable à sa proposition de loi.
« Il devrait objectivement y avoir unanimité sur ce texte », mais ça « montre qu’on a une Assemblée qui n’est pas prête à avoir des débats aussi compliqués », a-t-il glissé à l’issue de ce pugilat entre élus.
Le texte, qui devra ensuite passer par le Sénat a été voté par les députés Renaissance, Horizons, MoDem, PS, LR, écologiste et Liot tandis que les députés LFI, GDR et RN se sont finalement abstenus.
AFP