Pakistan: le Premier ministre Shehbaz Sharif nomme un gouvernement de fidèles

Shehbaz Sharif, le Premier ministre pakistanais, a dévoilé les principaux membres de son gouvernement, pour l’essentiel des fidèles qui ont déjà été ministres par le passé, à l’issue des élections du 8 février entachées de forts soupçons de fraudes.

Shehbaz Sharif, 72 ans, qui a déjà été chef du gouvernement pakistanais d’avril 2022 à août 2023, a attribué, ce lundi 11 mars, 19 portefeuilles, qui reviennent principalement à des membres de son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N). Mais, pour revenir au pouvoir, la PML-N a dû sceller cette fois un accord de coalition avec son rival historique, le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Bilawal Bhutto Zardari, et plusieurs autres petits partis.

Pas de ministres pour le PPP
Cependant, comme il l’avait laissé entendre, le PPP a refusé tout poste de ministre, mais soutiendra tout de même le gouvernement. En contrepartie, Asif Ali Zardari, époux de l’ancienne Première ministre assassinée Benazir Bhutto et père de Bilawal, a été élu, samedi 9 mars, président du Pakistan.

Il avait déjà occupé cette fonction essentiellement honorifique entre 2008 et 2013. Le ministère des Affaires étrangères revient à Ishaq Dar, qui était aux Finances sous le premier gouvernement Shehbaz. Il avait entretenu des relations difficiles avec le FMI et été jugé largement responsable de la détérioration de la situation économique.

Au poste de ministre des Finances, on trouve Muhammad Aurangzeb, le PDG d’une des principales banques pakistanaises et expert en finances internationales.

Sujet majeur, l’économie pakistanaise est confrontée depuis plusieurs mois à une crise de la balance des paiements, une dette extérieure très élevée, une inflation record et une roupie faible.

L’inflation s’est un peu ralentie en février 2024, mais s’établit tout de même à 23%, et la croissance économique ne devrait pas dépasser les 2% cette année, selon les projections du Fonds monétaire international (FMI). « Le principal défi auquel notre nation est confrontée est l’inflation », a ainsi concédé Shehbaz Sharif lors de la première réunion du cabinet.

Le nouveau ministre de l’Intérieur, Mohsin Raza Naqvi, était auparavant le chef de l’exécutif de la province du Pendjab (centre-est).

À ce poste, ce magnat des médias considéré comme proche de l’armée, a mené la répression contre le Pakistan Tehreek-e-Insaf. Le nouveau gouvernement ne comprend pour l’instant qu’une femme. Shaza Fatima Khawaja, la nièce du nouveau ministre de la Défense, qui obtient un secrétariat d’État.

« Voleurs de mandat »
Les candidats indépendants soutenus par le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti de l’ancien Premier ministre Imran Khan, emprisonné depuis août 2023, étaient sortis vainqueurs des élections, malgré la répression des autorités à leur égard.

Le PTI a dénoncé des manipulations massives, à l’initiative de la puissante armée, et revendiqué une victoire bien plus large encore. Mais son refus de toute alliance a laissé le champ libre à ses principaux rivaux, qu’il a qualifiés de « voleurs de mandat ».

rfi

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