Les autorités tunisiennes ont récupéré cinq cadavres dans un canot et secourus 24 autres migrants, a indiqué samedi la Garde nationale. L’embarcation avait quitté la Libye voisine pour tenter de rallier les côtes européennes.
Les corps de cinq migrants ont été récupérés au large de la région de Zarzis, dans le centre-est de la Tunisie, a indiqué samedi 9 mars la Garde nationale tunisienne. Dans ce même canot, 24 autres exilés ont pu être secourus par les autorités. Les nationalités de ces personnes n’ont pas été précisées.
L’embarcation avait quitté les côtes « d’un pays voisin », terme généralement employé pour désigner la Libye.
La Tunisie est régulièrement amenée à porter secours à des bateaux surchargés de migrants partis de la Libye voisine, qui tombent en panne au large de ses côtes ou qui dérivent.
En février, neuf personnes sont mortes au fond d’une embarcation à la dérive, près de la Tunisie. Cinquante migrants avaient pris place à bord, là aussi depuis les côtes libyennes, avant que le canot ne subisse une avarie.
Selon le parquet, les exilés sont morts d’asphyxie due à « l’odeur du carburant ».
Mais la Tunisie est aussi un pays de départ pour les exilés désireux de rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Dans une autre opération samedi, les garde-côtes ont « déjoué une traversée clandestine » en mer au large d’al-Mahdia (centre), et « secouru » 53 migrants de nationalités étrangères, a ajouté la Garde nationale.
Plus de 50 Tunisiens disparus
Si les Subsahariens sont nombreux à tenter de gagner l’Italie depuis les côtes tunisiennes, les jeunes Tunisiens essayent également de prendre la mer pour trouver un avenir meilleur de l’autre côté de la Méditerranée, au péril de leur vie. Depuis le début de l’année, plus de 50 Tunisiens sont portés disparus en mer lors de deux naufrages, survenus en janvier et en février.
Dans ces drames, les familles disent se sentir abandonnées par les autorités. Elles ont manifesté en février pour leur réclamer des comptes.
« On se retrouve dans des situations où c’est à nous d’enquêter parce que nous n’avons aucune information. Les députés, le gouverneur, la municipalité, nous appellent, nous les familles, pour avoir des informations sur les recherches, ils n’appellent pas la police.
C’est pour vous dire à quel point on est seuls et livrés à nous-même », expliquait alors à RFI Fathi Ben Farhat, professeur de Taekwondo de 48 ans dont le neveu de 17 ans, Malek, avait pris place dans une embarcation disparue.
L’aggravation de la conjoncture économique avec une croissance estimée à 1,2% pour 2023 (la moitié de 2022) et un chômage des jeunes à 38%, sont des facteurs décisifs de cette émigration massive. En 2023, les Tunisiens représentaient la deuxième nationalité parmi les 150 000 migrants arrivés de manière irrégulière en Italie, juste derrière les Guinéens.
L’an dernier, pas moins de 1 313 personnes parties des côtes tunisiennes ont disparu ou sont mortes en mer Méditerranée, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux. Un nombre jamais atteint jusqu’ici.
Au moins deux tiers d’entre eux étaient originaires d’Afrique subsaharienne. Ce funeste bilan « équivaut à peu près à la moitié des morts ou disparus en Méditerranée » de 2023, a précisé Islem Ghaarbi de l’ONG tunisienne.
infomigrants