La 96e cérémonie des Oscars s’est achevée à Los Angeles et a dévoilé toutes ses récompenses face au présentateur Jimmy Kimmel. Oppenheimer de Christopher Nolan a remporté dimanche 10 mars 2024 l’Oscar du meilleur film ainsi que six autres statuettes, tandis que le film français Anatomie d’une chute de Justine Triet est reparti avec une statuette, celle du scénario original, rapporte l’AFP.
Un parcours exceptionnel pour la réalisatrice de 45 ans qui a fait campagne pendant des semaines outre-Atlantique pour installer son long métrage dans le coeur des Anglo-Saxons qui s’achève moins impressionnant qu’espéré mais néanmoins glorieux
. « C’est une année folle », a-t-elle soufflé, aux côtés de son compagnon Arthur Harari, avec qui elle a co-écrit le script. Son oeuvre s’est imposée en effet comme la meilleure représentante du cinéma français à l’international depuis Amour, Oscar du meilleur film étranger en 2013, et The Artist, qui avait raflé cinq statuettes en 2012.
Palme d’Or à Cannes, Anatomie d’une chute a notamment été récompensé par deux Golden Globes et un Bafta – l’équivalent des Césars britanniques. Mention spécial au chien du film, Messi, qui est devenu une superstar canine de l’autre côté de l’océan.
Christopher Nolan, qui a en France reçu le César d’honneur il y a quelques jours des mains de Marion Cotillard, a ainsi été sacré du prix du meilleur réalisateur. Cillian Murphy, magistral en Robert Oppenheimer, génie nucléaire pétri de contradictions et de doutes, a lui remporté l’Oscar du meilleur acteur. « Pour le meilleur ou pour le pire, nous vivons dans le monde d’Oppenheimer » et de la bombe atomique, a observé l’Irlandais.
« J’aimerais donc vraiment dédier ce prix aux artisans de la paix dans le monde entier.«
Son antagoniste à l’écran, Robert Downey Jr, qui campe un bureaucrate conservateur orchestrant l’humiliation publique du scientifique, a raflé le prix du meilleur second rôle masculin. Cette oeuvre a également reçu les prix techniques du montage, photographie et bande originale – à la hauteur de la réputation de chef d’oeuvre populaire qu’il s’est forgé depuis sa sortie en salles cet été. Quant à la dernière oeuvre de Martin Scorsese, Killers of the Flower Moon, il est reparti bredouille.
Emma Stone a été l’autre grande gagnante de la soirée. Après La La Land en 2017, l’actrice a raflé son deuxième Oscar de la meilleure actrice pour Pauvres Créatures. Ce conte baroque de Yorgos Lanthimos a remporté quatre statuettes au total, saluant son esthétique rétrofuturiste.
Elle y incarne Bella Baxter, une suicidée ressuscitée par un scientifique foldingue, qui lui implante le cerveau du bébé qu’elle portait en elle. L’occasion pour elle de livrer une performance joyeusement régressive, en créature qui découvre le sexe et les mille autres plaisirs de la vie, sans aucune honte, ni préjugés.
Nommée pour Anatomie d’une chute, Sandra Hüller a elle pu se consoler avec l’autre film dont elle était à l’affiche : La Zone d’Intérêt a remporté l’Oscar du meilleur film international pour sa chronique de la vie insouciante d’une famille de nazis juste à côté d’Auschwitz. La Passion de Dodin Bouffant, avec Benoît Magimel et Juliette Binoche, qui représentait la France, est donc rentré bredouille.
Le réalisateur de La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer, a lancé un message de paix au Proche-Orient, actuellement miné par la guerre d’Israël à Gaza.
« Notre film montre comment la déshumanisation mène au pire« , a rappelé le cinéaste juif, en estimant que les Israéliens morts le 7 octobre dans l’attaque du Hamas et les 31 000 morts palestiniens sont « tous victimes de cette déshumanisation« . Plusieurs stars, dont Billie Eilish, Ramy Youssef et l’acteur français Swann Arlaud, ont arboré un pin’s appelant au cessez-le-feu, tandis que plusieurs petites manifestations de militants se déroulaient dans les rues de Los Angeles. Les atrocités de la guerre en Ukraine ont également été évoquées, avec l’Oscar du meilleur documentaire attribué à 20 jours à Marioupol, sur le siège de la ville.
Le reste de la soirée a été rythmé par les nombreux clins d’oeil de l’humoriste Jimmy Kimmel au blockbuster Barbie, roi absolu du box-office mondial l’an dernier. Billie Eilish a interprété le titre phare du film What Was I Made For ?, Oscar de la meilleure chanson.
Et Ryan Gosling a mis le feu à la salle en costume rose à paillettes, en chantant sa balade narcissique I’m Just Ken.
Parmi les autres prix majeurs, Da’Vine Joy Randolph (Winter Break) a été élue meilleur second rôle féminin. Le Garçon et le Héron, du maître japonais Hayao Miyazaki, a lui remporté l’Oscar du meilleur film d’animation.
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