Céline-Josée Bakayoko, 32 ans, a décroché la première médaille de la Côte d’Ivoire aux Jeux africains 2023, ce 10 mars 2024 à Accra, avec l’argent lors du tournoi de lutte libre des moins de 53kg. Une nouvelle performance pour la double vice-championne d’Afrique de la catégorie qui, il y a encore quelques années, évoluait au haut-niveau continental en… badminton. Récit d’une reconversion réussie.
Le destin réserve parfois de drôle de surprises. La lutteuse Nogona Céline-Josée Bakayoko, 32 ans, qui a remporté la première médaille de la Côte d’Ivoire aux Jeux africains 2023, peut en témoigner. Ce 10 mars 2024, au Borteyman Sports Complex d’Accra, elle a décroché l’argent chez les moins de 53 kg, face à la Nigériane Christianah Ogunsanya, dans une salle située juste à côté de celle du tournoi de badminton.
Un sport qu’elle a pratiqué au niveau continental de 23 à 27 ans.
Celle qui est double vice-championne d’Afrique (2022, 2023) explique, hilare : « Mes amis de plusieurs nations sont venus me voir : le Nigeria, l’Algérie, l’Egypte, le Burkina, le Bénin… Ils sont tous venus me voir en criant : « Céline, Céline, mais tu es là ! Tu as laissé le badminton pour la lutte ! » »
« Quand je faisais des smashes au badminton, je cassais ma raquette »
Une reconversion rare vers une discipline complètement différente que la jeune femme raconte : « J’ai découvert la lutte en 2017, après les Jeux de la francophonie [à Abidjan, Ndlr], grâce à un coach qui avait un club omnisports où il y avait de la lutte, du badminton et du volley-ball.
C’est lui qui m’a dit de venir essayer la lutte vue que, quand je faisais des smashes, je cassais ma raquette. Il m’a dit que j’avais beaucoup de force et de puissance. »
Aux championnats nationaux de lutte libre et de lutte africaine, Céline-Josée Bakayoko excelle immédiatement avec des titres, en 2017 et 2018. Aux Jeux africains de Rabat, en 2019, elle a une nouvelle confirmation de ses dispositions pour cet autre sport olympique, même si elle ne décroche pas de podium au Maroc.
Après une pause imposée par une blessure et le Covid, Céline-Josée Bakayoko enchaîne ensuite les podiums au niveau continental et les participations aux Mondiaux.
« Si j’avais su que la lutte existait de cette manière en Côte d’Ivoire, je n’aurais jamais fait de badminton, même si c’est un sport noble et éprouvant, lâche-t-elle. Quand tu es dans une discipline où on ne parvient pas à te valoriser, mieux vaut partir ailleurs, là où on te donne l’occasion de briller. Je pense que j’ai fait le bon choix. Je ne regrette absolument rien ».
« Si je dois laisser la lutte pour une autre discipline, ce sera pour le MMA »
Une transition réussie qu’elle ne parvient elle-même pas à expliquer. « C’est rare, parce que le badminton est un sport de finesse, de déplacements. C’est vrai que c’est un jeu rapide mais c’est difficile à comparer avec un sport de combats… Moi-même, je ne comprends pas, rit-elle. Mais je me dis qu’avec le travail, tu peux y arriver ».
Et Céline-Josée Bakayoko, qui vise désormais une place aux Jeux de Paris à travers le tournoi de qualification olympique d’Alexandrie (22-24 mars), n’a peut-être pas fini de surprendre.
« J’ai fait du football, de l’athlétisme, du handball, du badminton, un peu de sambo [un art martial russe, Ndlr], je me suis essayé un peu au judo. Mais je pense que, si je dois laisser la lutte pour une autre discipline, ce sera soit pour le MMA ou un de ses équivalents », conclut-elle, toujours plus loin des volants.
rfi