Au nord du Maroc, se trouve le mont Moussa entre plages turquoises et la verdure des montagnes. Si les touristes affluent de plus en plus sur les côtes mediterannéennes, le mont Moussa abrite également une espèce menacée : le vautour fauve.
Le jbel Moussa dans le détroit du Gibraltar culmine à 851m d’altitude. Une parenthèse obligatoire et incontournable pour les touristes. Frère jumeau de Gibraltar, l’histoire de ce mont est relatée depuis l’Antiquité. Colonnes d’Hercule ou encore Colonnes d’Atlas, les légendes derrière ces deux sommets sont nombreuses et attestent de l’intrigue qu’ils suscitent des deux côtés de la rive et ce depuis la nuit des temps. Elle est aussi l’histoire du premier général musulman qui assiège la ville de Tanger, Moussa Ibn Noçaïr, qui a donné son nom au mont marocain et celle de Tariq Ibn Ziyad, premier conquérant musulman ayant mis pied sur le rocher de Gibraltar (jbel Tariq).
Avant de se rendre jusqu’au sommet et admirer l’imprenable vue, on débute notre périple depuis la plage de Belyounech. Contacté par Yabiladi, Mohssine Terrab, co-fondateur de Adventure Trips, nous explique que deux itinéraires sont possibles, «un plus court, mais plus fastidieux depuis la côtière ou un plus long mais plus praticable depuis la sortie de Belyounech».
En somme, il faut compter entre quatre et cinq heures de montée pour un débutant, pour les plus expérimentés c’est faisable en 3 heures, précise-t-il. Lors de l’ascension, «il est primordial de faire plusieurs arrêts, que ça soit pour admirer l’îlot Leila, ou la vue des plages marocaines», poursuit-il. Au sommet, c’est un spectacle sans égal qu’offre le Jbel Moussa. En effet, de gauche à droite, et si les conditions climatiques sont propices vous pourrez voir le rocher de Gibraltar au loin, les côtes espagnoles et bien évidemment les villes marocaines limitrophes au mont.
Prendre de la hauteur
Ce beau spectacle et cette proximité entre les deux continents, donnent naissance à une grande richesse, surtout au niveau ornithologique. On prend alors un peu plus d’hauteur avec l’ornithologue et professeur à l’université Moulay Ismail de Meknes, Sidi Imad Cherkaoui, pour parler de cette espèce que craignent les Marocains, mais que le royaume tente de réintroduire.
Il s’agit des vautours fauves, une espèce protégée mais en voie de disparition au Maroc. Tout d’abord, il faut savoir «le mont Moussa se trouve sur une voie de Migration. Il y a plusieurs milliers voire millions d’oiseaux de toutes sortes qui y transitent, en parcourant l’Europe et l’Afrique. Et le passage du détroit de Gibraltar est ainsi un passage obligatoire et donc il y a une grande concentration d’oiseaux migrateurs», nous explique notre interlocuteur.
«Généralement les gens luttent contre les prédateurs, les renards, les loups etc. On utilise donc un poison pour en venir à bout. Les cadavres sont ensuite consommés par les vautours, même s’ils ne sont pas la cible directe. Il faut ajouter à cela, les électrocutions et collisions face au ligne à moyen et haute tension et bien sur les collisions avec les éoliennes, qui sont très nombreuses dans la région, ou encore dans une moindre mesure, le braconnage.»
Néanmoins, cette cohabitation tumultueuse a pris un tournant en 2017, lorsque le Maroc s’est lancé le défi de réintroduire cette espèce pour «restaurer l’écosystème du mont Moussa et retrouver sa biodiversité faunistique». Ainsi, à l’occasion de la Journée mondiale des zones humides célébrée le 7 février 2017, cinq vautours ont été lâchés sur le mont Moussa, à l’initiative du Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD). «Ils ont tous été marqués et certains équipés de GPS, afin de connaitre leur itinéraire», nous explique notre interlocuteur, précisant tout de même que malgré les initiatives «le mont Moussa n’est pas une zone de reproduction, mais plutôt de migration».
Outre le fauve, la région dispose d’une grande richesse au niveau floristique et bien évidemment faunistique. De plus, le Maroc est signataire de plusieurs conventions internationales, nous explique Sidi Imad Cherkaoui. Et donc, c’est aussi un engagement vis-à-vis de la communauté internationale, car il s’agit, comme le cas des fauves vautours d’un patrimoine mondial.
Source: yaladi
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