L’accord de partenariat militaire entre le Niger et les USA courait depuis le 6 juillet 2012. Niamey veut manifestement essayer d’autres alternatives dans sa lutte de longue date contre le jihadisme, avec la mise en place avec le Mali et le Burkina Faso d’une force militaire conjointe.
Le Niger rompt sa coopération militaire avec les USA avec effet immédiat, après avoir reçu une délégation menée par Molly Phee, la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines. La visite de 3 jours avait notamment pour sujet le retour attendu à l’ordre constitutionnel dans le pays, ainsi que les conditions de la poursuite du partenariat sécuritaire que les autorités nigériennes ont qualifié ce samedi d’“injuste et imposé unilatéralement par les États-Unis via une simple note verbale”.
Si on ignore la teneur des discussions avec l’émissaire américaine qui n’a pu rencontrer que le Premier ministre Ali Lamine Zeine, les 2 parties ne se sont pas accordées.
Dans son communiqué à la télévision nationale, Amadou Abdramane, le porte-parole de la junte nigérienne, a déclaré que “L’arrivée de la délégation américaine n’a pas respecté les usages diplomatiques”, déplorant que Niamey a été informé “de façon unilatérale” de sa composition et sa date d’arrivée. Il a aussi fustigé une ‘’attitude condescendante’’ de la part de Molly Phee, qu’il a jugé “de nature à saper les relations entre les deux pays”.
Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain, a quant à lui affirmé que la rupture de l’accord fait suite à des “discussions franches” sur leurs préoccupations concernant la “trajectoire” de la junte.
Il a ajouté que les USA gardent le contact avec cette dernière, et qu’ils fourniront de nouvelles informations si besoin.
La rupture formelle de l’accord militaire entre les deux pays met fin à l’autorisation de présence sur le sol nigérien du personnel militaire et civil du département américain de la Défense. Le communiqué de la junte ne laisse planer aucun doute à ce sujet : “La présence américaine sur le territoire de la République du Niger est illégale et viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques”, a lu Amadou Abdramane.
Les quelque 1 100 soldats américains présents au Niger dans le cadre de la lutte contre le jihad terroriste pourraient donc quitter le pays, comme en sont partis dans un contexte similaire leurs pairs français il y a quelques semaines.
Pour rappel, leur statut et leurs opérations sur le sol nigérien étaient en suspens depuis le coup d’État le 26 juillet 2023 qui a propulsé Abdourahamane Tiani au pouvoir.
Après des tractations diplomatiques qui semblaient prometteuses, les USA avaient affirmé en décembre 2023 leur volonté de poursuivre la coopération militaire, sous certaines conditions.
À noter que depuis l’embuscade de Tongo Tongo le 4 octobre 2017 où 4 soldats américains de l’Operational Detachment-Alpha Team ont été tués, la participation des États-Unis aux opérations anti-jihadistes au Niger est presque essentiellement restreinte à du renseignement et à de l’appui logistique, notamment grâce sa base de drones d’Agadez.
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