Rencontre – Industries culturelles et créatives : Ce qui incombe aux Etats, selon William Codjo

Dans une masterclass animée au Centre de rencontre John Smith de Ouidah (Bénin) le 29 février 2024, le Directeur général de l’Agence de développement des arts et de la culture du Bénin (Adac Benin), William Codjo, a indiqué que les Etats ont un triple rôle à jouer dans le développement des industries culturelles et créatives.

Expert béninois en économie et gouvernance de la culture, William Codjo a affirmé, devant des opérateurs culturels ouest-africains participant à un boot camp sous-régional, que les Etats ont aussi une place importante dans la mise en place et le développement d’industries culturelles créatives durables dans les pays.

Et cette place, le conférencier la situe à trois niveaux : orienter, réguler et stimuler. Dans sa mission d’orientation, il revient à l’Etat de définir le cap, la vision centrale. «Cette vision permet aux acteurs d’apporter les visions complémentaires pour former un tout», détaille-t-il. La régulation permet à l’Etat de définir les règles dans le secteur, de veiller à leur application, afin de s’assurer que «chacun se développe de façon équilibrée».

Le troisième rôle de l’Etat est la stimulation.

Dans ce cas, il identifie les maillons faibles d’une filière et trouve les solutions idoines pour les rendre suffisamment forts, afin que l’ensemble de la chaîne puisse tenir. «La capacité d’une chaîne, c’est son maillon faible. Une fois que l’Etat a identifié le dysfonctionnement et y remédie, il se retire pour que les acteurs continuent la dynamique», fait savoir le conférencier.

Le Bénin en exemple
Lors de cette présentation portant sur le thème : «Economie de la culture : Ecosystème des Icc», William Codjo a pris l’exemple de la Galerie nationale du Bénin. Il relève que sa création (en mars 2020, ndlr) est une réponse du gouvernement au constat que les arts plastiques étaient quasiment sous-valorisés malgré leur potentiel. Ainsi, la mission principale de la galerie, telle que définie dans son décret de création, est de «contribuer à la promotion des arts plastiques sous toutes ses formes. (…)

A ce titre, elle est chargée de révéler les artistes plasticiens (et de) créer une dynamique autour de l’art» (décret n°2020-201 du 11 mars 2020 portant approbation des statuts de la Galerie nationale).

Dans son fonctionnement, expose-t-il, la galerie a commencé par stimuler le marché de l’art par la commande publique d’œuvres de plasticiens béninois. Ces œuvres sont, parfois, ensuite remises en vente pour animer le marché secondaire.

Tout ce mécanisme pour créer l’habitude de l’achat d’œuvres d’art.

«A ce moment, certaines galeries internationales ont commencé à venir s’implanter à Cotonou ; de nouvelles galeries ont été créées par des Béninois. L’Etat a ainsi montré le chemin en investissant», note-t-il. L’opération est une réussite selon le conférencier, qui conclut qu’une fois que les privés ont commencé à s’intéresser au secteur et à y investir, l’Etat béninois s’est simplement retiré pour ne pas faire concurrence à ces derniers.

Ainsi, au cours du Conseil des ministres du 23 avril 2023, le gouvernement a acté la disparition de la galerie nationale avec la modification de ses statuts et l’avènement de l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac). Nommé le 31 mai 2023, son premier Directeur général a pour nom William Codjo.

Noocultures

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