Lisbonne– Le Portugal attend de connaître mercredi les résultats complets des législatives du 10 mars, remportées de justesse par la droite modérée et son dirigeant Luis Montenegro, qui devrait être nommé au poste de Premier ministre pour succéder au socialiste Antonio Costa.
Le dépouillement des bulletins des circonscriptions de l’étranger doit se conclure en fin de journée, en même temps que M. Montenegro sera reçu par le président de la République, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa.
Cette rencontre au palais présidentiel de Belém, prévue à partir de 17H00 GMT, marquera la fin des consultations que le chef de l’Etat doit tenir avec les partis politiques représentés au Parlement avant d’inviter le vainqueur des élections à former le nouveau gouvernement.
Selon des résultats quasi-complets, car les quatre sièges des circonscriptions de l’étranger n’ont pas encore été attribués, l’Alliance démocratique (AD) a remporté les élections d’une très courte avance sur le Parti socialiste (PS) au pouvoir pendant huit ans.
La formation de Luis Montenegro a jusqu’ici recueilli 29,5% des suffrages et au moins 79 députés sur un total de 230. Cet avocat de 51 ans restera donc loin du seuil de 116 élus synonyme de majorité absolue, mais il s’est déjà dit prêt à former un gouvernement minoritaire.
Progression de l’extrême droite
Surpris par la démission du Premier ministre sortant Antonio Costa, qui ne briguait pas de nouveau mandat après avoir été cité dans une enquête pour trafic d’influence, le PS a terminé deuxième avec 28,7% des voix et au moins 77 sièges.
Le parti d’extrême droite Chega (Assez) a pour sa part renforcé son statut de troisième force politique du pays, en passant de 12 à au moins 48 députés, avec un score de 18%.
« La chute du gouvernement socialiste était prévisible, mais pas la quasi-stagnation du vote de centre droit », a commenté à l’AFP le politologue Antonio Costa Pinto.
« On ne s’attendait pas à ce que la progression de Chega bloque à ce point la croissance de l’Alliance démocratique », a précisé l’analyste de l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lisbonne (ICS).
Le président de Chega, André Ventura, est entré au Parlement comme député unique en 2019, l’année où il a fondé ce parti antisystème qui promet de « nettoyer le Portugal » en s’attaquant à la corruption ou à l’immigration.
M. Ventura, 41 ans, a réaffirmé lundi sa volonté de sceller une alliance avec la droite modérée pour former une majorité stable, tout en menaçant de lui faire opposition si elle refusait d’ouvrir des négociations.
« Condamné à la négociation »
Luis Montenegro, qui ne s’est pas exprimé depuis le soir de sa victoire électorale, a pourtant répété qu’il refuserait de diriger le pays avec le soutien de l’extrême droite, comme il l’avait fait tout au long de la campagne.
Le nouveau patron du Parti socialiste, Pedro Nuno Santos, lui a offert un ballon d’oxygène en déclarant mardi qu’il était prêt à voter un rectificatif budgétaire pour augmenter les rémunérations des enseignants, des policiers, des soignants et des greffiers.
Il a toutefois prévenu qu’un vote favorable des socialistes au sujet du budget de l’Etat pour 2025 était « pratiquement impossible ».
Au Portugal, l’exécutif n’a pas besoin d’un vote au Parlement pour entrer en fonctions, donc l’échéance budgétaire de l’automne apparaît comme la première épreuve de feu du prochain Premier ministre.
« Ce sera toujours un gouvernement condamné à la négociation, car tel est le sort des gouvernements minoritaires », mais « pas nécessairement » instable à court terme, car « aucun des acteurs n’a intérêt à déclencher une crise », a expliqué le politologue Antonio Costa Pinto.
En cas d’impasse, le président Marcelo Rebelo de Sousa sera appelé à jouer pleinement son rôle de médiateur, d’autant qu’il ne peut pas dissoudre à nouveau le Parlement avant un délai de six mois.
AFP