Des téléviseurs aux smartphones en passant par les consoles de jeu. Une quantité folle de déchets électroniques est produite chaque année dans le monde. Et tout juste plus de 20 % de ces déchets sont aujourd’hui recyclés.
En 2022, pas moins de 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été générées dans le monde. De quoi remplir 1,55 million de camions de 40 tonnes. Suffisamment pour leur permettre de former une file continue encerclant la Terre au niveau de son équateur !
Et surtout, 82 % de plus qu’en 2010.
Ce sont les chiffres peu glorieux que révèle aujourd’hui le Global E-waste Monitor établi par les chercheurs de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar) et de l’Union internationale des télécommunications (UIT).
A record 53.6 million tonnes (Mt) of e-waste was produced globally in 2019 — the weight of 350 cruise ships the size of the Queen Mary 2.
More from the UN’s Global E-waste Monitor 2020: https://t.co/ONahmW3ejT #BeatPollution pic.twitter.com/oZQkPcoP6C
— UN Environment Programme (@UNEP) July 2, 2020
Des déchets électroniques trop peu recyclés
Ce qui apparait peut-être plus inquiétant encore, c’est que moins d’un quart de ces déchets – exactement 22,3 %, mais le chiffre monte tout de même à 42,8 % en Europe – a été collecté et recyclé. Comme si le monde avait jeté à la poubelle 62 milliards de dollars de ressources précieuses. Et risquer ainsi une augmentation significative de la pollution. Car ces déchets électroniques contiennent des additifs toxiques et des substances dangereuses en elles-mêmes. Du mercure, par exemple, connu pour nuire à la santé de notre cerveau.
« Pas plus de 1 % de la demande en terres rares est satisfaite par le recyclage des déchets électroniques. Cela ne peut pas continuer.
Ce nouveau rapport représente un appel immédiat à davantage d’investissements dans le développement des infrastructures, à une promotion accrue de la réparation et de la réutilisation, au renforcement des capacités et à des mesures visant à mettre fin aux transferts illégaux de déchets électroniques », commente Kees Baldé, chercheur à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et auteur principal du Global E-waste Monitor.
Une consommation toujours plus importante d’appareils électroniques avec des cycles de vie toujours plus courts, des options de réparation limitées et une infrastructure de gestion des déchets inadéquate poussent les chercheurs à estimer que la quantité de déchets électroniques générée d’ici 2030 devrait encore beaucoup augmenter. Jusqu’à 82 millions de tonnes.
Les chercheurs projettent ainsi que la part des déchets recyclés va descendre à environ 20 % à cette échéance
LE DÉTAIL DES QUANTITÉS DE DÉCHETS ÉLECTRONIQUES GÉNÉRÉS PAR GRANDE RÉGION DU MONDE ET LA PART QUI EST RECYCLÉE SELON LE DERNIER GLOBAL E-WASTE MONITOR.
Recycler les déchets électroniques, nous avons tout à y gagner
Pourtant, le Global E-waste Monitor l’affirme, si les taux de recyclage grimpaient à 60 %, les avantages de la collecte dépasseraient ses coûts de plus de 38 milliards de dollars ! Sans parler des gains en matière de ressources rares qui deviendront critiques pour les technologies futures. La production d’énergie renouvelable ou la mobilité, par exemple.
Les déchets électroniques ont fait un bond de 21 % en 5 ans !
Vieux téléphones, ordinateurs, piles, machines à laver… Chaque humain a produit 7,3 kilos de déchets électroniques en 2019, selon un rapport des Nations unies. Des déchets mal collectés et peu recyclés qui viennent le plus souvent polluer l’environnement. À qui la faute ? Peut-on freiner la tendance ?
La montagne de vieux téléphones, appareils usagés et autres batteries a grossi de 21 % en cinq ans et pourrait atteindre 74 millions de tonnes en 2030, s’alarme l’organisation.
L’Europe arrive en tête du classement, avec 16,2 kg de déchets par an et par habitant, suivie de l’Océanie (16,1 kilos) et de l’Amérique (13,3 kilos).
Des appareils électriques toujours plus nombreux et qui durent moins longtemps
Si la masse de DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) augmente de façon aussi vertigineuse, c’est pour trois raisons principales : une forte consommation de biens électroniques, un renouvellement de plus en plus rapide et un faible taux de réparation. Selon l’Ademe, le nombre de smartphones vendus chaque année dans le monde a ainsi été multiplié par 12 depuis 10 ans. En France, un foyer possède en moyenne 99 appareils !
Et seuls 38 % les font réparer lorsqu’ils tombent en panne, selon une étude Ifop réalisée pour le ministère de la Transition écologique et solidaire.
Déchets électroniques : un si grand gaspillage
Sur les 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques produites en 2019, seules 9,3 millions sont collectées et recyclées, soit 17,4 %. Le chiffre est heureusement plus élevé en Europe (42,5 % de recyclage) mais, dans les pays en développement, où il n’existe aucune filière règlementaire, la vaste majorité des appareils usagés est incinérée, enterrée ou abandonnée dans les dépotoirs.
En Afrique, le taux de collecte et de recyclage ne dépasse pas… 0,9 %.
Un immense gâchis quand on sait que les téléphones, ordinateurs, appareils photos, piles, condensateurs ou batteries contiennent jusqu’à 69 éléments, rappelle le rapport, dont des métaux précieux (or, argent, platine), des matériaux critiques (étain, zinc, cuivre) et d’autres métaux récupérables (fer, aluminium).
Ce sont ainsi 25 millions de tonnes de matières premières estimées à 57 milliards de dollars qui partent en fumée ou rouillent dans les champs.
Trafic international illégal
La manne n’est pas perdue pour tout le monde. Les déchets électroniques font aussi l’objet d’un intense trafic transnational. Depuis la Convention de Bâle entrée en vigueur en 1992, il est en principe interdit d’exporter des déchets dangereux vers des pays tiers.
Mais celle-ci n’est pas appliquée partout (les États-Unis ne sont par exemple pas signataires) et le rapport estime que 7 à 20 % des DEEE sont expédiés de manière illégale ou comme produits de seconde main vers les pays moins développés. En Afrique et en Asie, des milliers d’objets usagés sont démontés et brûlés afin de récupérer le cuivre ou les composants.
Un travail souvent effectué par des enfants, exposés aux fumées toxiques dégagées par le plastique.
MERCURE, AGENTS CHIMIQUES, PLASTIQUE, GAZ À EFFET DE SERRE… LES DÉCHETS ÉLECTRONIQUES CONTIENNENT DE NOMBREUSES SUBSTANCES TOXIQUES.
Déchets électroniques : un poison lent
Les déchets électroniques occasionnent bien d’autres méfaits sur la santé. Les métaux lourds et autres substances toxiques viennent polluer les rivières et contaminer l’ensemble de la chaîne alimentaire. Plus de 50 tonnes de mercure et 71.000 tonnes de BFR (retardateurs de flamme bromés) finissent dans la nature chaque année, estime le rapport. L’équivalent de 98 millions de tonnes de dioxyde de carbone de gaz réfrigérants sont par ailleurs relâchés dans l’atmosphère, l’équivalent des émissions annuelles de la Belgique.
Heureusement, il existe des bonnes nouvelles. Après la Chine, la Malaisie et l’Inde ont fermé leurs portes aux importations de déchets plastique.
On observe également un ralentissement du cycle de renouvellement pour certains produits. En Europe, les consommateurs gardent ainsi leur smartphone 26,2 mois en moyenne en 2018 contre 23,4 mois en 2016, note l’institut Kantar Worldpanel. Hélas, ce n’est vraiment par conviction écologique, mais plutôt en raison de leur prix de plus en plus élevé.
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