La famille d’un migrant qui s’est suicidé en décembre sur la barge Bibby Stockholm, amarrée dans un port britannique, a intenté une action en justice au Royaume-Uni et réclame une enquête indépendante sur les circonstances de ce décès. Elle tient les autorités responsables de la mort de leur proche.
La famille de Leonard Farruku, décédé le 12 décembre sur la barge Bibby Stockholm, veut des réponses. Le demandeur d’asile avait été retrouvé mort dans une des toilettes du bateau, où sont retenus les exilés en attendant le traitement de leur dossier.
Les proches du jeune homme de 27 ans ont intenté une action en justice pour que les autorités mènent une enquête indépendante sur les circonstances de sa mort, révèle mardi 19 mars le quotidien anglais The Guardian.
« Nous pensons que le gouvernement britannique devrait être tenu responsable de la mort de Leonard », explique la sœur du défunt, Jola Dushku.
« Notre désir est de comprendre la vérité sur ce qui est arrivé et faire en sorte que la même chose n’arrive pas à d’autres demandeurs d’asile. La meilleure manière d’y parvenir est que le gouvernement mène une enquête complète et indépendante sur la mort de Leonard ».
Les avocats de la famille rappellent que la dégradation de la santé mentale de Leonard Farruku était connue mais n’avait pas été prise en compte. Lors de son transfert sur le Bibby Stockholm, il avait montré des signes importants de nervosité.
« Risque élevé de suicide » à l’intérieur de la barge
Ils déplorent également le manque de volonté des autorités de faire la lumière sur ce drame. Trois lettres envoyées au gouvernement en février sont restées sans réponse.
Dans ces missives, les avocats regrettent qu’aucune enquête indépendante n’a été ordonnée au médiateur des prisons. Ce dernier a accès à des enquêteurs spécialisés dans la collecte de preuves pour les personnes décédées en détention. Si le Bibby Stockholm n’est pas considéré comme une prison par l’État, il est qualifié par les avocats – et les associations – de « quasi-détention », en raison de son isolement et des restrictions à l’intérieur.
Les lettres soulèvent également les préoccupations sur les conditions de vie à bord de la barge, qui peuvent affecter les demandeurs d’asile les plus vulnérables et les exposent à un « risque élevé de suicide ».
Un porte-parole du gouvernement a refusé de commenter l’action en justice mais signale que « cet incident tragique fait l’objet d’une enquête de la police, afin que les faits et les circonstances soient établis de manière appropriée et légale ».
« Prison flottante »
Depuis la fin d’année dernière, la plateforme de 93 mètres de long et de trois étages peut accueillir jusqu’à 500 migrants dans 222 cabines pendant 18 mois.
Les associations sont, depuis le début, vent debout contre cette « prison flottante » amarrée au port de Portland, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Dans un communiqué publié l’été dernier, plus de 50 organisations nationales et militants avaient qualifié ce programme de « cruel et inhumain ».
Le transfert sur un bâtiment flottant pourrait, selon eux, réactiver des traumatismes chez certains migrants ayant vécu des traversées de la Méditerranée ou de la Manche compliquées.
« D’après les survivants avec lesquels je travaille chaque jour, les conditions exiguës et dangereuses à bord du Bibby peuvent être profondément choquantes pour ceux qui ont survécu à la torture et à la persécution, en plus des expériences traumatisantes qu’ils ont vécues en route vers le Royaume-Uni », avait déclaré Ann Salter de l’ONG Freedom from Torture après le suicide de Leonard Farruku.
« Cette dernière tragédie nous rappelle une fois de plus que les politiques punitives du gouvernement à l’égard des réfugiés sont non seulement cruelles, mais qu’elles coûtent également des vies ».
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