Les inondations catastrophiques dans le sud-ouest de l’Allemagne ont largement été médiatisées et pour cause : près de 200 morts, des dégâts significatifs… Cela dit, ce fût aussi l’occasion de désigner un seul coupable devenu une fatalité : le changement climatique, occultant de nouveau l’aménagement du territoire irresponsable qui augmente considérablement le risque.
La journée du 14 juillet restera gravée dans les mémoires pour le sud-ouest de l’Allemagne et l’est de la Belgique. Des précipitations extraordinaires ont été relevées ce jour, après un 13 juillet déjà abondamment arrosé :
- 154 mm à Cologne ;
- 144,8 mm à Kall-Sistig ;
- 129,2 mm à Dahlem-Schmidtheim ;
- 124,1 mm à Schneifelforsthaus ;
- 119,4 mm à Lissendorf ;
- 114,4 mm à Lüdenscheid.
« En 72h, les cumuls du 13 au 15 juillet ont atteint jusqu’à 182 mm en Allemagne, à Nachrodt-Wiblingwerde une commune de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le Luxembourg a été aussi touché par d’intenses précipitations. 74 mm ont été mesurés en 12 h à l’aéroport Findel, un nouveau record de précipitation en 12 h pour ce pays », précise Météo-France qui ajoute que cette situation est liée à une goutte froide.
En météorologie, une goutte froide ou goutte d’air froid désigne un volume limité d’air froid qui entraîne le plus souvent à une circulation atmosphérique de blocage. Celle-ci peut générer des précipitations intenses et durables pendant quelques jours causant des inondations.
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Ces précipitations intenses sur l’Etat allemand de Rhénanie-Palatinat et le sud de la Belgique ont tué près de 200 personnes tandis que plusieurs sont toujours portées disparues. Les dégâts dans la vallée sont impressionnants.
« C’est une situation surréaliste et fantomatique, je dirais presque que la langue allemande a du mal à trouver les mots pour décrire la dévastation qui a été causée« , a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, lors d’une conférence de presse tenue le 18 juillet 2021 à Schuld (Rhénanie-Palatinat). « Le gouvernement fédéral et les régions agiront ensemble pour remettre progressivement de l’ordre » dans les zones dévastées, a-t-elle ajouté.
Le changement climatique est-il responsable des inondations en Allemagne ?
Le changement climatique, ce basculement planétaire et global du climat engendré par nos activités a de multiples conséquences. Si les vagues de chaleur de plus en plus régulières et puissantes sont des manifestations très probablement corrélées au réchauffement climatique, c’est encore beaucoup moins clair pour les inondations dont les conséquences sont principalement liées à un enjeu (présence d’habitations) mal ou pas du tout pris en compte.
En effet, la plupart du temps, c’est le mauvais aménagement du territoire qui reste la cause première d’inondations catastrophiques. Cela peut se traduire sur le terrain par une imperméabilisation à outrance, la perte de couvert forestier, d’espaces naturels, de haies, de zones humides qui font office d’éponge et de barrières naturelles : les sols, saturés en eau, ne peuvent plus absorber des précipitations exceptionnelles qui se déversent alors dans les fonds de vallées, rapidement inondées.
En outre, les lits majeurs des rivières sont dorénavant occupés par les activités humaines et les logements, il suffit de précipitations exceptionnelles (avec une période de retour qui n’est pas compatible avec les vues à court terme de nos sociétés) pour que le cours d’eau occupe naturellement et de nouveau son lit… Les images de cette catastrophe sont édifiantes : le lit majeur de l’Ahr était tout simplement bétonné et occupé par des habitations… Un cas d’école que l’on retrouve dans la plupart des inondations de vallées.
L’étude de la situation géographique des zones inondées à Schuld est édifiante également : cette commune est encastrée dans une vallée où coule l’Ahr, un affluent du Rhin. Elle est située à 250 m d’altitude en contrebas de plateaux d’environ 400 m d’altitude. Or, ceux-ci sont très largement cultivés et dépourvus de haies (dont les fonctions écologiques et hydrologiques sont essentielles) et encore moins de couvert forestier à même d’absorber et freiner une partie du ruissellement.
« Les précipitations extrêmes deviendront plus intenses et fréquentes dans de nombreuses régions »
Le dernier rapport du GIEC publié en 2014 – dont la révision est imminente – indiquait : « Il est très probable que les vagues de chaleur se produiront plus souvent et dureront plus longtemps, et que les événements de précipitations extrêmes deviendront plus intenses et fréquentes dans de nombreuses régions. »
Les inondations catastrophiques en Allemagne pourraient être engendrées par le changement climatique sans que cela soit une certitude.
« Le changement climatique ne joue pas directement sur l’occurrence d’un événement météo lié à la circulation atmosphérique de grande échelle, comme le déplacement d’une goutte froide sur l’Europe de l’est qui est à l’origine des pluies actuelles. Ce sont des phénomènes météorologiques connus et documentés de longue date, mais le changement climatique amplifie leur intensité. On constate ces dernières années que l’intensité des événements météorologiques remarquables augmente. Leur sévérité a ainsi été aggravée par le changement climatique. » précise Météo-France.
Ce qui est certain c’est que les décideurs et aménageurs ne considèrent pas suffisamment les conséquences d’un monde plus chaud et continuent de construire de manière irresponsable, sans atténuer ou prévenir les risques liés au changement climatique.
Par exemple, en France, les nouveaux lotissements construits ne tiennent aucun compte du phénomène d’îlot de chaleur urbain et sont imperméabilisés à outrance, sans végétation rafraîchissante. De surcroît, on continue de construire dans des zones inondables, y compris sur les littoraux qui seront pourtant submergés dans quelques décennies seulement…
« Après les récentes évolutions catastrophiques – surtout en Europe occidentale – tout le monde semble parler de l’urgence climatique, et à juste titre. Mais dès que ces tragédies seront terminées, nous oublierons probablement et passerons à autre chose comme avant.
À moins que nous traitons la crise comme une crise de tout temps, nous ne pourrons pas stopper l’urgence climatique. » Greta Thumberg qui commente cette tragédie.
Source: notreplaneteinfo
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