Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement sont attendus à Bruxelles ce jeudi 21 mars pour le premier sommet international sur l’énergie nucléaire, comme le présente l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui organise avec la Belgique cet événement.
Malgré la catastrophe de Fukushima en 2011 ou la crainte d’un accident à la centrale de Zaporijjia en Ukraine, le sommet illustre la volonté des pays participants de relancer le nucléaire civil, présenté comme une des solutions pour la transition énergétique.
Symbole de cette relance annoncée du nucléaire civil : une vingtaine de pays se sont mis d’accord à la fin de l’année dernière pour tripler leur capacité de production d’énergie nucléaire d’ici à 2050, lors de la COP28 à Dubaï, sous l’impulsion notamment de la France.
« Le nucléaire n’avait pas reçu autant d’engouement que ce qu’il connaît depuis 2017, analyse Carine Sebi, économiste de l’énergie, professeure à l’école de management de Grenoble.
Il y a eu des batailles musclées pour faire reconnaître le nucléaire comme une énergie verte pour atteindre notre neutralité carbone. »
Bataille musclée menée en tête par le président français Emmanuel Macron et remportée, donc, auprès des institutions européennes.
Illusion
Mais pour Pauline Boyer, de Greenpeace, développer davantage le nucléaire, malgré les surcoûts et retards des chantiers des réacteurs EPR nouvelle génération, retarde les investissements nécessaires dans les énergies renouvelables. « Le nucléaire est une énergie trop lente pour faire face à l’urgence climatique, affirme-t-elle. Aujourd’hui, chaque euro qui sera investi dans des nouvelles installations nucléaires ne le sera pas dans les mesures de sobriété à l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables. »
Dehors, des manifestants s’étaient rassemblés, pour et contre l’énergie nucléaire, symbole du moment politique particulier que vit actuellement le choix énergétique nucléaire.
Devant l’une des entrées du parc des expositions du Heysel, deux voitures barrent la route, rapporte notre bureau à Bruxelles. Cadenassés à leurs roues, des militants de Greenpeace veulent ainsi barrer le chemin aux participants du sommet nucléaire. Ils sont couverts de poudre rose et un peu plus loin, des manifestants se rassemblent autour d’un château gonflable rose et bleu. Pour eux, c’est le symbole de ce que les partisans d’une relance du nucléaire se racontent : un conte de fées.
De l’autre côté du parc du Heysel, des militants pro-nucléaire sont, eux aussi, présents.
« On a fait des calculs, on s’est renseigné chez des experts et on arrive à la conclusion que ça ne marche pas, la transition sans nucléaire, affirme Henri Marenne, de l’association belge 100TWh. On prône surtout la relance des réacteurs qui vont être arrêtés l’année prochaine. Qu’on ne les arrête pas, qu’on ne les démantèle pas. »
La Belgique symbolise bien le statut paradoxal du retour en grâce du nucléaire puisque c’est le Premier ministre belge qui organise ce sommet alors que la loi prévoit ici la fermeture des centrales.
RFI