Diabète de type 1 : des vaches transgéniques produisent du lait riche en insuline humaine

Grâce à une modification génétique des embryons de vaches, le mammifère peut produire de l’insuline humaine dans son lait. Cela pourrait faciliter l’accès à cette hormone pour les personnes atteintes de diabète.
Diabète de type 1 : des vaches transgéniques produisent du lait riche en insuline humaineCLARA BASTIAN/ISTOCK

Des chercheurs ont modifié génétiquement des embryons de vaches en y insérant un segment d’ADN humain : ce dernier code pour un précurseur de l’insuline appelé proinsuline.

La vache née de cette expérience a produit de la proinsuline dans son lait et même de l’insuline directement.
Pour les chercheurs, cela pourrait devenir un jour une nouvelle ressource d’insuline, nécessaire pour les personnes diabétiques.
Les vaches sont-elles l’avenir de la prise en charge du diabète ?

C’est la théorie développée par une équipe de chercheurs américains et brésiliens.

Ces scientifiques, des universités de l’Illinois Urbana-Champaign et de Saõ Paulo ont découvert une nouvelle manière de fabriquer de l’insuline, nécessaire aux personnes diabétiques. Des vaches modifiées génétiquement sont capables de produire l’hormone dans leur lait.

Pourquoi aurons-nous peut-être besoin des vaches pour produire de l’insuline ?
Dans la revue scientifique Biotechnology Journal, les auteurs rappellent que la demande en insuline est croissante. « Le diabète fait partie des urgences sanitaires mondiales qui connaissent la croissance la plus rapide, écrivent-ils. On estime que 537 millions de personnes souffraient de diabète en 2021, et ce nombre devrait atteindre 783 millions d’ici 2045. »

Les personnes souffrant de diabète de type 1 ont besoin d’insuline, car leur pancréas n’en produit plus.

Celles atteintes de diabète de type 2 peuvent aussi dépendre d’un traitement à l’insuline car sa production par l’organisme devient insuffisante. Mais comment assurer la production suffisante d’insuline si les cas de diabète augmentent ? Pour cette équipe, la réponse se trouve dans les modifications génétiques.

« Les animaux transgéniques sont considérés comme des candidats potentiels à la production de protéines recombinantes à grande échelle et le lait, dans de nombreux cas, constitue le moyen le plus avantageux d’en produire », poursuivent-ils.

La proinsuline est l’une de ces protéines recombinantes : elle correspond au précurseur protéique de la forme active de l’insuline.

Diabète : comment la vache a-t-elle été modifiée génétiquement pour produire de l’insuline ?
Pour tester cette hypothèse, l’équipe de recherche a inséré un segment d’ADN humain codant pour la proinsuline dans les noyaux cellulaires de dix embryons de vache. Puis, ils ont été implantés dans les utérus de vaches au Brésil : de cette expérience, un seul veau transgénique est né. Lorsque la vache a atteint la maturité, les chercheurs ont essayé de l’inséminer, sans succès.

Ils ont donc décidé de stimuler sa production de lait grâce à des hormones, ce qui a fonctionné.

Le résultat de cette expérience les a surpris. « Notre objectif était de faire de la proinsuline, de la purifier en insuline ensuite, précise Matt Wheeler, du département des sciences animales de l’université de l’Illinois, dans un communiqué. Mais la vache l’a essentiellement traitée elle-même. »

Quelques grammes d’insuline et de proinsuline étaient présents dans le lait. Pour Matt Wheeler, si une vache pouvait faire 1 gramme d’insuline par litre, cela représenterait beaucoup d’insuline. « Chaque gramme équivaut à 28.818 unités d’insuline, et ce n’est qu’un litre ; les Holsteins peuvent produire 50 litres par jour, annonce-t-il. Vous pouvez faire le calcul. »

Vaches génétiquement modifiées : quels sont les risques pour les animaux ?
Le chercheur et ses collègues comptent poursuivre leurs expérimentations. À terme, ils souhaitent engendrer aussi des taureaux génétiquement modifiés, pour qu’ils puissent se reproduire avec les vaches génétiquement modifiées, voire mettre au point un troupeau. « Nous savons ce que nous faisons avec les vaches, rassure le scientifique. (…)

Autrefois, nous avions l’habitude d’insérer de l’ADN et d’espérer qu’il s’exprime là où vous le vouliez.

Nous pouvons être beaucoup plus stratégiques et ciblés de nos jours. L’utilisation d’une construction d’ADN spécifique aux tissus mammaires signifie qu’il n’y a pas d’insuline humaine qui circule dans le sang de la vache ou dans d’autres tissus. » Avec cette nouvelle technique, ils espèrent aider des « centaines de millions de personnes dans le monde entier ».

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