Le Conseil de sécurité des Nations unies doit voter ce vendredi 22 mars une résolution appelant à un cessez-le-feu dans la guerre à Gaza. Les précédentes résolutions du même type ont toutes été rejetées, en raison du veto américain. Mais cette fois, le texte est proposé par les États-Unis. Et c’est un changement particulièrement notable.
La décision américaine a été annoncée au moment où le secrétaire d’État a entamé une tournée arabe au cours de laquelle il a rencontré les chefs d’État d’Arabie saoudite et d’Égypte. Au Caire, Antony Blinken s’est aussi réuni avec les ministres des Affaires étrangères d’Égypte et du Qatar, les deux médiateurs entre Israël et le Hamas, ainsi que les chefs de diplomatie de Jordanie, d’Arabie, des Émirats et un haut responsable de l’OLP.
Ce timing vise avant tout à montrer que Washington prenait en considération le monde arabe, et plus important encore, de récupérer le vote des arabo-musulmans de l’État charnière du Michigan.
Ce swing State, lors des élections présidentielles, pourrait aller à Donald Trump, du fait du mécontentement de l’importante communauté arabo-musulmane, à cause de la politique de l’administration du président Joe Biden sur Gaza.
La Chine a, de son côté, indiqué vendredi 22 mars soutenir les efforts du Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin aux combats à Gaza, sans préciser si elle appuiera un projet américain de résolution sur un cessez-le-feu immédiat.
Membre permanent du Conseil de sécurité comme les États-Unis, le géant asiatique dispose à ce titre d’un droit de veto.
« La Chine soutient le Conseil de sécurité pour qu’il prenne dès que possible de nouvelles mesures responsables et significatives afin de déployer sans relâche des efforts pour mettre fin rapidement aux combats à Gaza », a déclaré lors d’une conférence de presse régulière Lin Jian, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Une évolution du discours public
Cela fait des semaines que l’administration Biden fait savoir son inconfort et même sa frustration sur la conduite de la guerre à Gaza par Israël. Le discours public a évolué. L’évocation du droit d’Israël à se défendre contre le Hamas est désormais systématiquement accompagné de son devoir de protéger les populations civiles palestiniennes.
Des fuites ont été organisées dans la presse pour faire savoir qu’en privé, Joe Biden traite Benyamin Netanyahu de noms d’oiseaux. Le chef de la majorité démocrate au sénat, Chuck Schumer, a aussi émis des critiques virulentes contre le Premier ministre israélien, qualifié d’obstacle à la paix.
Un triple message à Israël
Ce texte américain présenté au Conseil de sécurité est une étape de plus. D’abord, ce ne sont pas que des mots, c’est un acte inédit comportant un triple message, notamment à Israël pour dire que le soutien américain devant les instances internationales n’est peut-être pas éternel.
C’est également un message à la communauté internationale pour montrer la prise de conscience de la situation à Gaza par les États-Unis, alors que le pays s’était retrouvé isolé lors des votes sur les précédentes résolutions.
Enfin, c’est un message adressé à une partie de l’électorat démocrate, notamment les jeunes et les minorités, et pas seulement les musulmans, choqués par les conséquences sur le terrain du soutien américain à Israël.
Il y a quand même quelques semaines, pour ne pas dire quelques mois, qu’au sein de l’administration Biden, on exprime en privé au gouvernement Netanyahu une forme d’insatisfaction, une forme de malaise par rapport à la façon dont les opérations militaires se déroulent à Gaza.
Donc, ce malaise, exprimé en privé, arrive depuis à peu près au moins deux ou trois semaines, sur la place publique.
Notamment, la semaine dernière, si je me souviens bien, avec les propos relativement durs du sénateur Chuck Schumer. Cette annonce d’une nouvelle résolution, on peut dire peut-être qu’elle s’inscrit dans l’expression publique du différend entre Washington et Tel Aviv, mais elle est aussi une façon pour Washington d’essayer de prendre la main, de montrer à Israël et à la communauté internationale qu’on essaie d’intervenir de façon peut être plus déterminée dans ce conflit.
rfi