Entre pollution et pénuries, l’Asie du Sud-Est en insécurité hydrique constante

En Asie, l’accès à l’eau est une question primordiale, car les problèmes y sont exacerbés par le réchauffement climatique. La disponibilité de l’eau douce en Asie du Sud-Est est limitée et inégalement répartie. Selon la Banque asiatique de développement, les centres urbains sont les principales zones touchées par une pénurie, mais ils ne sont pas les seuls.

De nombreux pays de la région sont confrontés à des pénuries d’eau, surtout en période de sécheresse, ce qui affecte la population, l’agriculture et l’industrie.

L’une des principales causes des pénuries d’eau en Asie du Sud-Est est liée à une source d’eau essentielle dans la région : le fleuve Mékong. En 2019, la Commission du Mékong a reconnu que la fluctuation des niveaux d’eau dans la voie navigable — dont dépendent 65 millions de personnes en Asie du Sud-Est continentale – était due au changement climatique. Ce facteur est si important qu’il est considéré comme un « multiplicateur de menaces », car il exacerbe divers problèmes tels que l’érosion, la perte de sédiments et la salinité.

Mais la construction de barrages est un autre facteur qui alimente la crise de l’eau, la Chine ayant déjà construit plus de dix barrages sur le Mékong.

Des centaines de barrages plus petits existent sur la voie d’eau pour l’agriculture, l’irrigation et la distribution de l’eau, mais ils retiendraient 50 % des sédiments. Ce problème, ainsi que le manque d’eau pour nettoyer le fleuve, a augmenté la salinité du Mékong.

Défis dans la région
En Asie du Sud-Est, c’est la pollution de l’eau qui est le principal problème. Une étude réalisée par le Programme des Nations unies pour l’environnement a montré que 80 % des eaux fluviales de la région Asie-Pacifique sont polluées. Le développement industriel et urbain rapide dans certains pays a entraîné une pollution de l’eau par les produits chimiques, les déchets industriels et les eaux usées non traitées.

Cette pollution affecte la qualité de l’eau et la santé des communautés qui en dépendent.

Certains défis sont d’ordre politique, par exemple la gestion des ressources en eau transfrontalières : de nombreux fleuves et bassins fluviaux d’Asie du Sud-Est sont partagés par plusieurs pays, ce qui peut donner lieu à des litiges concernant l’utilisation et la gestion des ressources en eau entre les pays.

Ensuite, de nombreuses parties de la région manquent d’infrastructures hydrauliques de qualité, telles que des installations de traitement de l’eau, des réseaux de distribution et des systèmes de drainage, ce qui affecte l’accès à l’eau potable et accroît la vulnérabilité aux inondations… qui sont très fréquentes dans cette partie du monde.

Solutions possibles
Les causes de l’insécurité hydrique sont soit économiques, soit physiques. Pour ce qui est de l’économie, cela fait référence aux pénuries d’eau dues à des problèmes institutionnels, notamment le manque d’investissements, la médiocrité des infrastructures et l’absence de planification.

L’autre résulte du changement climatique : sécheresses et fluctuations des conditions météorologiques et il est possible de remédier efficacement à la pénurie d’eau physique en mettant en œuvre des solutions de traitement telles que le dessalement de l’eau de mer — idéal le long des côtes. Cela permet d’éliminer le sel, les traces de métaux et les nutriments pour améliorer la qualité de l’eau.

On peut aussi réutiliser l’eau : l’eau recyclée peut servir à diverses fins, notamment la reconstitution des eaux souterraines, l’irrigation, l’agriculture, les processus industriels, l’approvisionnement en eau potable et la protection de l’environnement.

Enfin, l’incohérence de la gouvernance de l’eau, l’absence de gestion intégrée de l’eau et le chevauchement des responsabilités entre les différentes agences ou pays entravent souvent l’efficacité des stratégies de gestion de l’eau.

Les politiques environnementales ne peuvent pas être prises au niveau local, mais doivent être de grande envergure et tenir compte de la complexité des systèmes écologiques.

rfi

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