Alors que l’équipe de football du Nigeria a été la première équipe d’Afrique à remporter l’or olympique en 1996, celle de basket paraît bien lancée après sa victoire sur les États-Unis.
Depuis la récente victoire inédite du Nigeria contre les États-Unis en préparation des Jeux de Tokyo, tous les espoirs sont permis pour les basketteurs de la plus grande puissance économique africaine. Cela intervient alors que le souvenir de l’or olympique de la sélection de football en 1996, première d’Afrique à être sur la plus haute marche du podium, est encore présent dans les esprits. Certes, cet exploit des « D-Tigers » le 10 juillet devant l’équipe emmenée par Kevin Durant (90-87) est loin d’être l’assurance d’un podium au Japon, ou même d’une victoire contre une solide équipe d’Australie dimanche en ouverture du tournoi, mais elle ouvre des perspectives à ne pas négliger d’autant que le coup réussi à Las Vegas a été suivi trois jours plus tard d’un autre succès, large celui-ci, sur l’Argentine (94-71). Si leur pedigree n’est pas celui des Américains, les Argentins, champions olympiques en 2004 et vice-champions du monde en 2019, n’avaient eux non plus jamais été battus par une équipe africaine. Voilà de quoi mettre (temporairement) au second plan le football, le sport roi du pays le plus peuplé d’Afrique, mais dont les sélections féminine comme masculine ne se sont pas qualifiées pour les JO. « Nous n’avons encore rien gagné, mais j’ai le sentiment de pouvoir soulever tout un continent », s’exclame l’entraîneur américain Mike Brown, 51 ans, l’actuel adjoint de Steve Kerr aux Golden State Warriors. « Nous n’y allons pas pour l’expérience, nous allons à Tokyo pour gagner », assure celui qui a dirigé les Los Angeles Lakers et les Cleveland Cavaliers qu’il a même menés en finale NBA.
Vent d’optimisme avec des Nigérians d’Amérique
« Cette performance, qui remonte le moral à la veille des Jeux olympiques de Tokyo 2020 [?], indique que l’équipe du Nigeria montera sur le podium lors de ces Jeux », s’enthousiasme le ministre nigérian des Sports, Sunday Dare. Le responsable se laisse-t-il gagner par un excès d’optimisme, quand on sait qu’en deux participations (Londres 2012 et Rio 2016), le Nigeria n’est jamais sorti du tour préliminaire ? Pas sûr pour qui regarde de près un effectif qui n’a pas grand-chose à voir avec ses devanciers. Aucun des joueurs qui ont pris l’avion pour le Japon n’évolue au Nigeria. La majorité des joueurs sélectionnés appartient à la communauté nigériane des États-Unis et ils sont nombreux à avoir fait leurs gammes dans les universités américaines, avant de rejoindre la NBA. Deux tiers des douze joueurs retenus y évoluent. L’ailier Jordan Nwora (Milwaukee Bucks) est devenu cette semaine le second Nigérian à remporter le championnat nord-américain, après le légendaire Hakeem Olajuwon, avec les Houston Rockets. Auteur de 21 points contre les États-Unis, le meneur Gabe Vincent, né en Californie, figure dans l’effectif du Miami Heat, comme l’ailier fort Precious Achiuwa. Quant au pivot Jahlil Okafor, il a roulé sa bosse des Philadelphia Sixers aux Detroit Pistons, en passant par les Nets et les Pélicans de Nouvelle-Orléans.
Fort parfum de NBA?
Celui-ci assure que son équipe est partie au Japon avec le plein « de confiance nécessaire » pour « réaliser des performances de haut niveau, comme contre les États-Unis et l’Argentine ». Lui-même a passé quinze points à l’Argentine. La victoire contre les ogres américains, les Nigérians l’ont notamment bâtie sur une grosse performance physique sous le panier, avec 46 rebonds pris (contre 34). Si elle fait aujourd’hui sa force, cette « légion étrangère » suscite toutefois quelques réserves au pays. « Ce que l’équipe a fait est une grande avancée pour le basket nigérian au niveau international, mais cela nous tue au niveau local parce que nous n’investissons pas chez nous », déplore, par exemple, l’ancien capitaine des « D’Tigers », Olumide Oyedeji.
mais le local ne doit pas être en reste
Il faut laisser une chance aux joueurs basés au Nigeria, les laisser jouer dans l’équipe nationale, plaide-t-il : « Ce n’est pas un crime d’être né au Nigeria, ce n’est pas un crime de jouer au Nigeria, ce n’est pas un crime de résider au Nigeria. » L’Américain Will Voigt, qui entraînait le Nigeria quand il a remporté son premier championnat d’Afrique en 2015, y croit : « Je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas poursuivre leur succès », dit-il. « Ils sont talentueux, confiants et autonomes. » Après l’Australie dimanche (groupe B), les « D-Tigers » affronteront l’Allemagne (le 28), l’Italie (le 31). Un groupe qui laisse l’hypothèse d’une qualification très crédible. S’ils écrivent l’histoire, il est toutefois acquis que les Nigérians ne le feront pas comme à Londres en 2012. Ils avaient été défaits 156-73 par les États-Unis menés par Kobe Bryant : jamais une équipe n’avait pris autant de points aux JO?
Source: lepoint