Pour pouvoir cultiver et consommer du cannabis, dans les limites décrétées par la loi allemande à partir de ce lundi 1er avril, il faudra résider depuis plus de six mois en Allemagne.
Les Français sur le carreau. Contrairement à ce que certains pourraient espérer, ils ne pourront pas profiter de la légalisation du cannabis chez notre voisin allemand à partir de ce lundi 1er avril.
L’Allemagne, qui devient le troisième pays de l’Union européenne à franchir le pas après le Luxembourg et Malte, a voté une loi encadrant strictement la consommation pour sa population, et l’interdisant tout bonnement pour les étrangers.
En effet pour être autorisé à posséder jusqu’à 25g de cannabis sur soi sur la voie publique et à cultiver jusqu’à trois plants à domicile, il faut avoir plus de 18 ans et résider en Allemagne depuis plus de six mois.
« Le texte de loi se montre ferme. Les Français de la région frontalière et ceux se rendant en Allemagne pour étudier ou faire du tourisme ne pourront ni en posséder, ni en cultiver, ni en consommer », écrit le Centre européen de la consommation dans un communiqué de presse. Un Allemand habitant en France en sera également privé.
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Les étrangers n’auront pas non plus le droit d’accéder aux clubs de cannabis, qui pourront être créés à partir du 1er juillet. Dans ces « cannabis social clubs », des associations à but non-lucratif qui resteront sous surveillance des pouvoirs publics, les adhérents pourront se procurer du cannabis en quantité limitée, y cultiver des plantes et se partager la récolte.
Et si l’idée venait à un étranger de bafouer la loi allemande, il risque gros.
Il pourrait être poursuivi pour acquisition illicite de drogue en Allemagne ou importation illégale de cannabis en Allemagne. Il encourrait alors jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour possession illicite de stupéfiants ou au moins deux ans de prison pour importation illégale de produits stupéfiants.
« On ne s’attend pas à une arrivée massive de Français »
Les résidents allemands ont également l’interdiction de partager gratuitement ou de vendre le cannabis en leur possession. À noter que la vente commerciale de cannabis n’est pas encore à l’ordre du jour dans ce pays.
Seuls les Français habitant à Kehl, à la frontière à environ six kilomètres de Strasbourg, depuis plus de six mois pourront consommer ou cultiver. Ils sont 3.000, soit un habitant sur 10, souligne France Bleu Alsace.
Le maire de Kehl, Wolfram Britz, n’est d’ailleurs pas inquiet: « on ne s’attend pas à une arrivée massive de Français, car la vente est interdite », souligne-t-il à la radio locale.
Du côté des forces de l’ordre françaises: aucun passe-droit ne sera non plus accordé sous prétexte que la drogue provient d’Allemagne. Surtout à l’heure où tant le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin que Emmanuel Macron souhaitent « rendre la vie impossible aux consommateurs ».
Et que les opérations « places nettes » pour lutter contre les trafics se multiplient.
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En France, la possession et la consommation de stupéfiants sont passibles de 3. 750 euros d’amende et d’un an d’emprisonnement. Depuis 2019, des amendes forfaitaires de 200 euros -inscrites au casier judiciaire- peuvent aussi être imposées par un policier, un gendarme ou tout agent public habilité qui constate l’infraction.
Contrairement à Paris qui renforce sa lutte contre les drogues, Berlin a décidé de légaliser le cannabis voyant que sa politique à ce sujet avait « atteint ses limites », précise l’ambassade d’Allemagne. Son but: contrôler la qualité des produits, endiguer le marché noir et renforcer la protection des enfants et des jeunes en redoublant notamment les efforts d’information et de prévention.
bmftv