La bague Trinity de Cartier fête ses 100 ans en cette année 2024. Pour l’occasion, la marque a repensé ses trois célèbres anneaux en or dans une version carrée. Gala.fr revient sur l’histoire de cette pièce de joaillerie unique, aperçue aux doigts de Grace Kelly, d’Alain Delon ou encore d’Emmanuel Macron.
Il a même brillé à travers les décennies aux doigts de noms qui ont marqué l’histoire, à l’instar de Romy Scheider, photographiée au téléphone avec la pièce trônant sur son annulaire gauche ; du duc de Windsor, ancien roi Edouard VIII, qui porte les anneaux au petit doigt de sa main gauche, dont l’un d’entre eux est gravé de l’inscription « Darling… Wallis. 19/6 », en référence à la date de naissance de son épouse Wallis Simpson ; de Grace Kelly, aperçue avec sur son annulaire droit dans les années 1950 ; d’Alain Delon, capturé cigarette à la main et Trinity à l’auriculaire ; ou encore de Lady Diana, qui la presse délicatement contre sa joue sur un portrait pris à Kensington Palace dans les années 1980.
Bien avant eux, l’acteur américain Gary Cooper l’adopte à son auriculaire.
En témoigne un cliché de lui avec le bijou datant de 1931. Parce qu’en plus de son design original, la fameuse bague a le mérite d’être unisexe. Une exception pour une époque où les genres étaient bien distinctement séparés. Dès sa création, d’ailleurs, la Trinity est un cas à part avec ses lignes dénudées de toutes fioritures.
En effet, dans les années 1920, on préfère encore l’opulence des bijoux chargés en pierres précieuses…
Louis Cartier a pourtant l’audace de sortir cette bague simplement composée de trois anneaux, un premier en platine, un deuxième en or rouge et un dernier en or jaune, faisant ainsi entrer la joaillerie dans une ère de modernité. « Avec ce design, d’une épure incroyable, Cartier a apporté une valeur ajoutée à un bijou de tous les jours. Le succès a été immédiat.
Dès sa sortie en 1924, hommes et femmes se sont appropriés la bague aux trois anneaux », explique Pierre Rainero, directeur du patrimoine de Cartier, à Paris Match dans son édition du 29 février.
La légende veut que le petit-fils du fondateur de la maison française a conçu cette bague sur dessin de Jean Cocteau, qui en aurait acheté deux exemplaires : un pour son amant Raymond Radiguet et un pour lui-même. « Faux ! Non seulement Cocteau n’apparaît dans le registre des clients de la maison joaillière qu’à partir de 1933, mais Radiguet est mort en 1923, soit un an avant la création de la bague aux trois anneaux », dément le magazine d’actualités.
En réalité, le poète a reçu la Trinity en cadeau dans les années 1930 de la part de la princesse russe Natalie Paley, seule femme qu’il a jamais aimé. « Afin de sceller une alliance, il était alors de tradition en Russie d’offrir un bijou mêlant les trois couleurs d’or : rouge pour l’amour, jaune pour la fidélité, et blanc pour l’amitié.
L’autre nom de cette bague était d’ailleurs Russian Ring », détaille Pierre Rainero.
Trois, c’est aussi le nombre de boutiques historiques ouvertes par Cartier à Paris, Londres et New York.
Quant au nom « Trinity », c’est au Vogue américain qu’on le doit. Le magazine mentionne le bijou ainsi nommé dans l’une de ses éditions de 1925 en référence à ses trois anneaux et à ses trois ors. Il faut cependant attendre 1997 pour que tous les bijoux trois anneaux, trois ors de Cartier soient baptisés Trinity.
« Ce bijou trois-en-un et un-en-trois transcende, les pays, les générations, les classes sociales. Trinity relève à la fois de l’intime et de l’universel. Cette mobilité, cette danse autour du doigt et ce son spécifique qui s’en dégage lorsqu’on joue avec sont uniques.
C’est un objet culte », observe Marie-Laure Cérère, directrice de la création joaillerie et horlogerie, pour le magazine d’actualités.
Constatant l’engouement autour de sa bague dès son lancement, Louis Cartier décline la Trinity quelques mois plus tard en bracelet. En 1925, le joailler remplace l’anneau en platine par un anneau en or gris et la pièce ne tarde pas à devenir l’un des codes récurrents de la maison.
« Briquets, stylos et objets décoratifs affichent leurs décors trois anneaux, en particulier pendant les années 1970 et 1980, et notamment lors de la période Must de Cartier », souligne le communiqué de la marque.
Au fil des années, le bijou se révèle être un véritable terrain de jeu pour les esprits les plus créatif : la collection s’enrichit de colliers, boucles d’oreilles et bracelets, tous réalisés dans des matériaux différents (de la céramique noire au pavage de diamants blancs et colorés) et avec des anneaux larges ou fins, cannelés, facettés ou encore godronnés. « Selon différentes estimations, Cartier en aurait vendu plus de 2 millions d’exemplaires », rapporte Paris Match.
C’est dire le triomphe et la prospérité d’un tel bijou, dont le prix oscille entre 2 000 et plusieurs dizaines de milliers d’euros, selon les modèles.
Comme sa défunte belle-mère, Kate Middleton succombe au charme de la Trinity, qu’elle choisit plutôt en version boucles d’oreilles rondes en 2016 pour le banquet SportsAid donné à Kensington Palace, ainsi qu’en collier pendentif. Ce dernier est aperçu trônant fièrement sur sa robe bleue en juillet 2012, lors de sa visite de l’exposition sur les Jeux Olympiques à la National Portrait Gallery.
La princesse de Galles possède aussi une bague originale, repérée non pas autour de son doigt mais de son cou, attachée par une chaîne en or, lors de son voyage à Paris en mars 2017. Aux Oscars de 2010, Cameron Diaz attire l’attention sur son visage rayonnant, encadré par les boucles Trinity pendant à ses oreilles. Plus récemment, c’est Anne Hathawayqui a été photographiée avec la fameuse bague.
Même Emmanuel Macron en possède une, qu’il portait souvent lors de son premier mandat.
La difficulté quand on devient un mythe, c’est de continuer à surprendre. Ce challenge, Cartier l’a pourtant brillamment relevé pour le 100e anniversaire de sa bague emblématique : en 2024, les anneaux ronds ont laissé leur place à trois carrés parfaits. Inscrire un rond dans un carré…
Il fallait oser !
« L’idée même de réinventer Trinity de Cartier, icône par excellence, semblait presque risible, un exploit impossible », concède Marie-Laure Cérède. Pour sortir des sentiers battus, la directrice de la création joaillerie et horlogerie et son équipe ont donc décidé de travailler directement les volumes du bijou, en malaxant et moulant à la manière d’un sculpteur, plutôt que de dessiner de nouveaux designs sur papier.
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