Ce mercredi 3 avril est une journée de mobilisation dans la fonction publique argentine alors que la semaine dernière, le gouvernement de Javier Milei a annoncé que les contrats de 15 000 fonctionnaires qui arrivaient à échéance le 31 mars ne seraient pas renouvelés.
Avec cette vague massive de licenciements, le président ultralibéral approfondi son plan « tronçonneuse ». Javier Milei est obsédé par l’idée de remettre les comptes publics à l’équilibre, et ce, à n’importe quel prix, et il est persuadé que l’État est à la cause de tous les problèmes de son pays.
Le président argentin répète à l’envi qu’il a déjà licencié 50 000 fonctionnaires, même si les chiffres officiels disponibles indiquent que le nombre de licenciements était plus proche de 10 000 jusqu’à il y a peu.
Ce qui est en revanche certain, c’est que depuis la semaine dernière, des milliers de fonctionnaires ont appris leur licenciement. Selon le porte-parole de la présidence, on parle de 15 000 personnes licenciées, tandis que 55 000 contrats sont actuellement en révision.
Selon le relevé effectué par le syndicat ATE, ces licenciements ne semblent pas découler d’une méthodologie liée à l’ancienneté. En témoigne le licenciement de Lucas Berengua, technicien du service météorologique national remercié la semaine dernière après vingt-et-un ans de bons et loyaux services.
Des dizaines de bureaux de l’agence de nationale de la sécurité sociale fermés
Un cas parmi tant d’autres qui, mis bout à bout, provoquent le démantèlement de l’État argentin. C’est ce que dénonce le secrétaire général d’ATE, Rodolfo Aguiar : « Derrière chaque licenciement, il y a une tragédie pour le travailleur ou la travailleuse et sa famille qui se retrouvent démunis.
Mais face à cette vague massive de licenciements, ces tragédies individuelles se convertissent en tragédie sociale, car derrière chaque poste de fonctionnaire qui disparaît, il y a une politique publique qui est démantelée. Les services publics vont être sévèrement affectés et, au final, c’est la population qui va perdre des droits. »
Et la meilleure illustration de ce dont parle Rodolfo Aguiar, c’est sûrement l’Anses, l’agence nationale de la sécurité sociale.
Des dizaines de bureaux de proximité de l’organisme ont été fermés, y compris dans des zones reculées, et 1 300 de ses employés ont été licenciés depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei. En réaction à cette vague de licenciements, le syndicat ATE appelle donc à une journée de mobilisation ce mercredi.
Le syndicat appelle tous les employés licenciés, mais aussi ceux toujours en poste à entrer de manière massive et coordonnée sur leur lieu de travail ce mercredi, pour éventuellement occuper pacifiquement les bâtiments publics si le gouvernement ne répond pas à leurs demandes.
Un mode de mobilisation déjà utilisé sous la présidence de Mauricio Macri, il y a quelques années, dans un contexte tendu, rappelle Rodolfo Aguiar : « La police fédérale avait été déployée pour bloquer l’entrée des ministères, avec pour consigne de ne laisser passer que ceux qui n’avaient pas été licenciés. Nous n’écartons pas la possibilité que ce scénario se répète ce mercredi, et nous tiendrons le président Milei responsable des violences ou de la répression qu’il pourrait ordonner et qui seraient à déplorer. »
Vers une nouvelle grève générale ?
Cette mobilisation sectorielle pourrait déboucher sur un mouvement de contestation plus large. En tout cas, c’est ce que souhaite Rodolfo Aguiar et le syndicat ATE : que les centrales syndicales appellent à une nouvelle grève générale, comme le 24 janvier dernier. « Il faut rééditer un nouveau 24 janvier en Argentine, parce que les fonctionnaires ne sont pas les seuls à souffrir.
Le gouvernement a annoncé qu’il allait payer en plusieurs versements les misérables retraites que touchent les retraités. La consommation s’effondre et les commerces mettent la clé sous la porte. Les commerçants et les PME, eux aussi, souffrent de la politique économique du gouvernement. Il faut une nouvelle mobilisation qui unifie toutes ces revendications. »
Mais malgré cette volonté de faire converger les mécontentements, le mouvement syndical reste encore divisé sur la question.
Alors que la CTA, la deuxième centrale du pays à laquelle est affilié l’ATE, pousse à une nouvelle grève générale, certains secteurs de la CGT, la première centrale syndicale, pensent qu’à l’heure actuelle, une telle mesure serait précipitée et contre-productive.
rfi