Afin de préserver la ressource en eau sur la Garonne en période sèche, Toulouse Métropole a adopté ce jeudi 4 avril la tarification saisonnière. Dès le 1er juin, et jusqu’à octobre, les habitants paieront 42 % plus cher mais les prix seront 30 % inférieurs les sept mois restants.
Jean-Luc Moudenc l’a clairement dit. Il veut faire passer un message et sensibiliser à la sobriété en matière de consommation d’eau. « Même si les 850 000 habitants de la métropole absorbent moins de 1 % du débit d’étiage de la Garonne, les urbains doivent prendre leur part », a assuré le président de Toulouse Métropole.
Les étés successifs où la Garonne était réduite à un filet d’eau et ne devait son débit qu’aux lâchers d’eau en amont ont alerté les élus, qui ont établi un plan eau autour de six axes voté ce jeudi en conseil de métropole. D’autant plus que l’été 2024 s’annonce lui aussi compliqué en raison du manque de neige, et ce malgré un niveau des nappes phréatiques correct.
Parmi les mesures votées, la tarification saisonnière de l’eau, qui entrera en vigueur au 1er juin 2024.
Étudiée depuis plusieurs mois, sa mise en place a été confortée par l’avis du Conseil économique social et environnemental (Cese) de novembre 2023, qui préconisait cette solution. Concrètement, il s’agit de faire payer l’eau plus cher lorsque la ressource est faible, et moins cher dans les périodes plus favorables, de façon à économiser de l’eau.
« La tarification progressive a été écartée, a rappelé Jean-Luc Moudenc, car la moitié des Français ne sont pas équipés de compteurs individuels, ce qui aurait créé des injustices. Sur la métropole toulousaine, ce chiffre monte à 70 %. »
« Les comportements vont changer »
Concrètement, dès le 1er juin, le tarif de l’eau augmentera de 42 %, et ce jusqu’à fin octobre. Durant les sept autres mois de l’année, le prix sera diminué de 30 % par rapport au tarif actuel, pour les particuliers comme pour les entreprises. Pour les élus de la majorité, cette mesure, sans changement de consommation, sera indolore pour le porte-monnaie. Mais l’objectif est bien d’inciter les habitants des 36 communes de Toulouse Métropole à diminuer leur consommation d’eau.
« Notre conviction est que les comportements vont changer.
Et nous avons calculé que pour une personne qui prendrait trois douches par jour pour se rafraîchir en été, cela représenterait un surplus de 6 euros sur l’année. » À noter que cette tarification saisonnière ne s’appliquera pas aux piscines municipales, afin de permettre aux plus modestes, qui ne partent pas en vacances, d’en profiter sans subir une hausse du prix du ticket d’entrée.
Le groupe Métropole solidaire, écologique et démocratique a voté contre l’entrée en vigueur, dès le 1er juin, de cette tarification saisonnière.
S’ils souhaitent que les citoyens soient engagés dans cette démarche d’économie d’eau, ces élus dénoncent notamment un manque de concertation. Pour le groupe Alternative pour une métropole citoyenne, cette mesure sert à « faire face aux sécheresses tout en permettant à Veolia de ne pas perdre de chiffre d’affaires… Ce n’est pas une mesure d’intérêt général. Nous pourtant avions alerté de ce danger lors du choix de la privatisation de l’eau. »
De son côté, le groupe des élus écologistes propose « d’étudier la faisabilité d’une tarification progressive et solidaire, avec gratuité des premiers m3 ».
D’autres mesures ont également été présentées par la majorité du groupe Métropole d’avenir pour encourager les Toulousains à changer leurs habitudes, à l’instar de la distribution de 30 000 kits économiseurs d’eau gratuits cet été ou la possibilité d’une aide financière pour l’achat de récupérateurs d’eau.
Toulouse Métropole assure enfin avoir doublé son budget d’investissement, aujourd’hui de 12 millions d’euros environ, pour l’entretien et le renouvellement des canalisations, afin d’éviter les pertes. 11 % de l’eau seraient ainsi perdus sur le périmètre de la métropole. Un travail doit être également fait pour détecter plus en amont et de manière plus précise
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