Européennes 2024: début de campagne tardif en Italie, Meloni et Fratelli d’Italia en avance

En Italie, comme dans d’autres pays du continent, les élections européennes auront une résonance sur la politique nationale. Pourtant, la campagne tarde à débuter, et on ne sait toujours pas qui sera la tête de liste des principales formations.

A priori, Giorgia Meloni, la présidente du Conseil, devrait conduire la liste Fratelli d’Italia, mais elle ne l’a pas encore annoncé. Les Italiens prennent leur temps pour lancer la campagne.

Meloni souhaite étendre son influence au sein de l’UE
Les enjeux sont pourtant majeurs : enjeu national, puisque ce sera la première grande échéance électorale pour la nouvelle dirigeante italienne arrivée au pouvoir il y a un an et demi, et enjeu européen, parce que Giorgia Meloni est devenue une figure majeure au sein de l’Union européenne – une référence pour les droites et les extrêmes droites européennes qui observent avec beaucoup d’attention ce qui se passe en Italie.

En outre, Giorgia Meloni et Fratelli d’Italia vont sans doute avoir beaucoup d’élus au Parlement européen à l’issue de ces élections, et à ce titre, ils pourraient jouer un rôle très important.

Les sondages sont favorables à la dirigeante italienne.

À deux mois du scrutin, ils lui accordent au moins 27% des voix. Le parti Fratelli d’Italia est en effet largement en tête des intentions de vote. Cela veut dire que les électeurs de Meloni, qui l’ont porté au pouvoir à l’automne 2022, lui restent fidèles. Elle a réussi à conserver sa base électorale après avoir passé un an et demi aux affaires, ce qui, en Italie, est quasiment inédit depuis une bonne dizaine d’années.

On a vu par le passé des partis et des figures politiques émerger, remporter des élections et puis, une fois au pouvoir, décevoir leurs électeurs et finir par être évincés, voir s’effondrer.

On pense au Mouvement 5 étoiles, mais également à la Ligue du Nord de Matteo Salvini. Avec Giorgia Meloni, on assiste à un phénomène inverse : Fratelli d’Italia a submergé les urnes en 2022, mais il n’y a pas d’érosion électorale.

Les électeurs fidèles à Giorgia Meloni
Dans un quartier très symbolique de la capitale italienne, le quartier de la Garbatella, bien connu des cinéphiles, car c’est là qu’ont été tournées certaines scènes très connues du Journal Intime de Nanni Morreti – mais connu surtout aujourd’hui parce qu’elle c’est là que Giorgia Meloni a grandi et qu’elle a commencé à militer –, est un quartier populaire où l’on vote plutôt à gauche. Mais Giorgia Meloni y a tout de même fait 20% des voix en 2022.

Et dans les rues de la Garbatella, il est très facile de rencontrer des gens qui ont voté pour elle.

Ces électeurs répètent tous la même chose : d’abord que Giorgia Meloni est proche du peuple, elle sait leur parler et elle comprend leurs difficultés. Certes, elle n’a pas résolu tous les problèmes de l’Italie, disent-ils, mais il faut lui donner du temps.

Et puis, ils se disent fiers du rôle joué à l’international par Giorgia Meloni.

Bilan positif donc pour les électeurs italiens à droite, mais Giorgia Meloni suscite l’inquiétude à gauche, et aussi dans le milieu associatif. Les structures de soutien aux migrants dénoncent un durcissement très net des conditions d’accueil depuis que Giorgia Meloni est arrivée au pouvoir.

Durcissement également sur les valeurs familiales, et là, ce sont les associations féministes et LGBT+ qui s’inquiètent : le droit à l’avortement n’est pas remis en cause, mais son accès est rendu plus difficile. Quant aux familles LGBT+, elles ont fait face à une bataille judiciaire très éprouvante avec la remise en cause pour plusieurs dizaines de mères homosexuelles de leurs droits parentaux. Au-delà de ces inquiétudes, il y a de plus des craintes sur le droit de manifester et sur l’indépendance des médias, en particulier de la télévision publique.

La gauche démunie face à Meloni
Le Parti démocrate au centre-gauche espère, dans le meilleur des cas, obtenir 20 % des voix, mais a du mal à trouver la parade. La gauche italienne est divisée, affaiblie, et ne sait pas vraiment comment remonter la pente.

Pour l’heure, elle tente d’alerter les Italiens sur les risques que ferait peser Giorgia Meloni sur la démocratie italienne et sur une possible dérive similaire au modèle de Viktor Orban en Hongrie, en insistant notamment sur le projet de réforme constitutionnelle que la dirigeante veut mener pour renforcer les pouvoirs du président du Conseil.

Pour l’heure, ces arguments ne semblent pas réellement porter leurs fruits. Giorgia Meloni a d’abord joué la carte de la normalisation depuis son arrivée au pouvoir : elle a rassuré de ce point de vue l’électorat de droite traditionnelle, qui va donc continuer à voter pour elle et qui lui permettra, sauf évidemment énorme surprise, de faire un très bon résultat le 9 juin prochain.

france24

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