Humanitaires tués à Gaza: l’armée israélienne admet avoir commis une série d’«erreurs graves»

L’armée israélienne a affirmé ce vendredi 5 avril qu’elle visait un « homme armé du Hamas » tirant depuis le toit d’un des camions d’aide lorsqu’elle a tué sept travailleurs humanitaires de l’ONG américaine World Central Kitchen à Gaza, admettant avoir commis une série d’« erreurs graves ». Juste après ces déclarations, WCK a demandé la création d’une commission d’enquête indépendante.

Ces travailleurs humanitaires ont été tués lundi soir 1ᵉʳ avril dans la bande de Gaza par trois frappes israéliennes lancées en l’espace de quatre minutes sur leur convoi.

L’équipe aux commandes des drones à l’origine des frappes a fait une « erreur d’appréciation opérationnelle de la situation » après avoir repéré un « homme armé du Hamas » tirant depuis le toit d’un des camions d’aide que les collaborateurs de l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK) escortaient, selon une enquête interne de l’armée. 

L’armée, qui évoque des « violations des procédures opérationnelles normales », a aussi reconnu que WCK avait bien communiqué son plan de route, mais les militaires chargés des frappes ne l’avaient pas en mains.

Lors d’un point de presse au quartier général de l’armée à Tel-Aviv, de hauts gradés israéliens ont présenté aux journalistes des séquences vidéo de drone montrant l’« agent du Hamas » se joignant au convoi de WCK qui circulait à Gaza dans la nuit de lundi à mardi peu après 22h00 (heure locale, 19h TU).

Des Palestiniens transportent le corps d'un employé de l'ONG World Central Kitchen à l'hôpital Al Aqsa de Deir al-Balah, dans la bande de Gaza, le mardi 2 avril 2024.
Des Palestiniens transportent le corps d’un employé de l’ONG World Central Kitchen à l’hôpital Al Aqsa de Deir al-Balah, dans la bande de Gaza

Vague d’indignation

De grands logos WCK ornaient le toit des véhicules, mais la caméra du drone ne pouvait pas les voir dans l’obscurité, a déclaré le général en retraite Yoav Har-Even, qui dirige l’enquête. « Cela a été un facteur clé dans la chaîne des événements », a-t-il dit.

La mort des humanitaires a provoqué une vague d’indignation, le président américain, Joe Biden, demandant jeudi au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, d’ordonner un « cessez-le-feu immédiat » lors d’un appel téléphonique tendu.

Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères a indiqué de son côté, ce 5 avril, avoir réclamé à Israël « une enquête criminelle » pour « meurtre ».

« Nous demandons la création d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur les meurtres de nos collègues », a indiqué l’ONG WCK dans un communiqué peu après la déclaration de l’armée israélienne qui « ne peut pas enquêter de manière crédible sur sa propre défaillance à Gaza », a ajouté l’ONG.

Un homme montre des passeports britannique, polonais et australien tachés de sang après une frappe aérienne israélienne, à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza, le lundi 1er avril 2024.

rfi

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