Orange poursuit Free devant le tribunal de commerce de Paris. Le premier accuse le second de discours marketing trompeur sur la 5G. Ce n’est pas la première fois que les deux opérateurs s’affrontent à ce sujet.
Entre discours marketing et tromperie sur la marchandise, il n’y a parfois qu’un pas que les entreprises essayent de ne pas franchir. Mais dans certains cas, on peut interpréter un message commercial comme un franchissement de cette ligne rouge avec un orteil ou deux.
En France, les opérateurs téléphoniques sont particulièrement attentifs à ce sujet, surtout Orange. Cela fait plusieurs années qu’il a Free dans sa ligne de mire. En 2021 déjà, le premier disait que le second proposait une fausse 5G. Une attaque frontale qui prend même forme dans des vidéos promotionnelles.
C’est allé beaucoup plus loin que l’échange d’amabilités sur les réseaux sociaux cela dit.
D’après les informations dévoilées par La Tribune, le différent s’est soldé par une assignation de Free en justice devant le tribunal de commerce en 2021. Orange est donc le plaignant. L’objet du grief est la manière dont Free présente les performances de son réseau 5G dans les brochures tarifaires.
On y lit que le “débit théorique en réception” est “jusqu’à trois fois les débits de la 4G de Free“. Même chose pour le “débit maximum théorique en émission, […] jusqu’à 1,7 fois les débits de la 4G de Free“. Ce qu’Orange exige, c’est que Free soit beaucoup plus précis sur ces points, notamment en faisant la distinction entre les différentes bandes de fréquences utilisées.
ORANGE ATTAQUE FREE EN JUSTICE POUR DISCOURS COMMERCIAL TROMPEUR SUR LA 5G
Pour proposer la 5G à leur abonnés, tous les opérateurs utilisent les bandes de fréquences 3,5 GHz. Elle offre les meilleurs débits, mais une portée moindre. Autrement dit, elle couvre une moins grande surface. À l’opposé, on trouve les bandes 700 MHz, au débit plus faible et à la couverture étendue. Enfin, il existe aussi les bandes 2.100 Mhz, entre les deux. Actuellement, Orange, qui a fait le choix de ne se servir que des fréquences en 3,5 GHz, est celui qui possède le plus d’antennes associées : 9 476.
Loin devant Free qui en revendique 5 727 selon les derniers chiffres de l’Agence nationale des fréquences (ANFR).
L’écart s’explique par le fait que Free s’est largement concentré sur les fréquences 700 MHz avec 19 041 sites mobiles adaptés. Il peut donc légitimement se vanter de couvrir “plus de 94 %” de la population, là où Orange arrive à 60 % seulement. Sauf que le débit théorique atteignable n’est pas du tout le même, ce que Free ne dit pas de manière suffisamment explicite selon Orange. D’où la plainte pour forcer son concurrent à plus d’honnêteté.
POUR ORANGE, TOUS LES OPÉRATEURS SONT TRANSPARENTS SUR LES DÉBITS DE LA 5G, SAUF FREE
En lisant ce que reproche Orange à Free, vous avez peut-être l’impression que l’opérateur cherche la petite bête et qu’il ne s’agit que d’un simple jeu sur les mots sans gravité. D’autant qu’Orange a déjà été condamné pour des faits assez similaires il y a quelques années.
Ce n’est pourtant pas le cas, et pour cause : SFR et Bouygues Telecom, qui utilisent un mélange de bandes de fréquences 3,5 GHz et 2.100 MHz, ne cachent pas les différences que ces dernières entraînent sur le débit de la 5G. Le premier indique clairement “des performances différentes suivant les fréquences utilisées“, en précisant des débits “de 2 Gb/s en bande de fréquences 3,5 GHz, et de 995 Mb/s en bande de fréquences 2.100 MHz“. Idem pour le second.
Il s’agirait donc au fond d’aligner le discours de tout le monde. Orange et Free ont été entendus par le tribunal de commerce de Paris le 26 mars 2024.
Ce dernier doit rendre son jugement le 15 mai. Il est encore trop tôt pour savoir qu’elles seraient les conséquences d’une condamnation pour l’opérateur accusé. Pour les clients, cela ne changerait probablement pas grand chose. Free devrait mettre à jour les brochures tarifaires et autres fiches d’information sur ses forfaits 5G, ce qui en soit serait bénéfique pour le consommateur. Est-ce que ça aura un impact sur les futures souscriptions aux offres mobiles 5G de l’opérateur ? L’avenir nous le dira.
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