Dans moins de 24h, les Sud-Coréens pourront déposer leur bulletin dans l’urne pour élire les représentants du prochain Parlement. Ce scrutin clé fera office de référendum pour le président conservateur Yoon Suk Yeol, élu de justesse en 2022 et qui tentera avec son parti de reprendre le contrôle du Parlement aux mains de l’opposition depuis 2016.
Ces élections en Corée du Sud se tiennent dans un contexte socioéconomique tendu marqué par un rétrécissement de l’espace démocratique.
La politique des gladiateurs
La campagne a été rythmée par des querelles intestines, des scandales et des controverses impliquant la première dame ou des fonctionnaires de l’administration Yoon, et le chef de l’opposition visé par des allégations de corruption et de pots-de-vin.
À l’image d’une « arène de gladiateurs », comme l’a qualifié la presse. Ce qui donne une idée de l’atmosphère et des divisions qui règnent dans la classe politique, en particulier entre le président Yoon et son rival, le leader de l’opposition Lee Jae-myung.
Ces législatives sont davantage un duel entre ces deux figures et leur style de gouvernance qu’une affaire de programmes, estiment les experts.
Une campagne bien loin des préoccupations des électeurs qui voteront par contestation et non par adhésion, indiquent certains observateurs. Les Sud-Coréens font face à de nombreuses difficultés. Une économie en perte de vitesse, l’inflation, l’explosion des prix de l’immobilier, une population vieillissante, un taux de natalité en chute libre – parmi les plus bas au monde, et enfin les problèmes de sécurité et de menaces régionales croissantes.
Ces deux dernières années, la démocratie sud-coréenne a subi d’important revers, à commencer par la liberté de la presse.
Les médias sud-coréens sont globalement libres mais pour échapper à des procès en diffamation, certains ont eu recours à l’autocensure. Des journalistes critiques du pouvoir ont subi des perquisitions ou ont été poursuivis par la justice. Une radio dénonçant les scandales de corruption a été contrainte de fermer.
La justice, elle aussi globalement indépendante, a subi des pressions du pouvoir et certains juges ont été mêlés à des affaires de corruption.
Ces dernières années ont été aussi marquées par une vague d’enquêtes et de poursuites contre des opposants.
Un chiffre éloquent sur ce déclassement : depuis l’arrivée de Yoon au pouvoir, la Corée du Sud a chuté de la vingt-huitième à la quarante-septième place dans un classement de 179 pays publié par V-Dem, un institut suédois mesurant le degré de démocratie dans le monde.
Parmi les autres enjeux de ces législatives, la politique étrangère occupe une place de taille.
Les résultats de ces élections permettront de savoir si la politique de Yoon s’inscrira dans la continuité, avec la poursuite du rapprochement avec Tokyo et Washington, ou en cas de victoire écrasante de l’opposition, dans la rupture. Le parti démocrate pourrait notamment ouvrir la voie au Parlement pour la destitution du président, tout en prônant une politique plus équilibrée au niveau international.
rfi