Emmanuel Macron est ce jeudi dans l’usine d’Eurenco, leader européen des poudres et explosifs, à Bergerac, en Dordogne, accompagné de ses ministres de l’Économie et des Armées. Au programme : l’économie de guerre et la souveraineté française en matière de défense. Le chef de l’État a aussi convoqué une réunion de travail avec les capitaines des industries de défense dans un contexte de guerre en Ukraine.
C’est un déplacement dans un lieu qui n’a pas été choisi au hasard. « Un site emblématique, à la convergence de plusieurs chantiers nationaux : réindustrialisation, économie de guerre, effort d’armement de la France en soutien à l’Ukraine », explique-t-on du côté de l’Elysée.
La société Eurenco va relancer la production de poudre pour propulser des obus, comme ceux des canons Caesar livrés à l’Ukraine sur son site de Bergerac, dans le sud ouest de la France avec une nouvelle usine qui verra le jour en 2025.
Explosion de la demande de poudre
Le président de la République visite les lignes de production existantes avant de se rendre sur le site d’une nouvelle ligne de production dont il a posé symboliquement la première pierre, rapporte notre envoyée spéciale à Bergerac, Charlotte Urien-Tomaka.
Le site était quasiment à l’arrêt depuis la fin de la Guerre froide.
Une nouvelle unité de production qui va transformer la société Eurenco. En raison de la « forte demande pour la poudre et les explosifs », liée notamment à la guerre en Ukraine, l’usine produira 1,2 million de charges modulaires en 2026 contre 500 000 actuellement.
De 200 salariés au début de la guerre en Ukraine, elle va passer à 450 l’année prochaine, afin de satisfaire un carnet de commandes qui est déjà plein à craquer.
Le site de Bergerac va multiplier par dix sa production de poudre de gros calibre, c’est donc l’exemple parfait de ce qu’Emmanuel Macron appelle l’économie de guerre, mais un passage en économie de guerre qui se fait au moment où les finances du pays sont dans le rouge.
Le chef de l’État fait un calcul très simple : Eurenco est un modèle du genre, plus d’emplois, une économie locale relancée, et donc un bon moyen de sortir de l’ornière budgétaire. L’usine de Bergerac est détenue à 100% par l’État, mais à l’heure où toutes les administrations et ministères sont appelés à faire des efforts, quel sera le poids de la commande publique ?
L’Élysée assure en tout cas qu’il n’est pas question de toucher au budget des armées.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie qui accompagne Emmanuel Macron agace en ce moment le président de la République. Le chef de l’État lui reproche d’être trop alarmiste sur l’état des finances du pays. Les deux hommes ont en tout cas pris le même avion pour venir ici, peut-être une mise en scène d’une opération de rabibochage.
Une séance de travail avec des PDG d’industries d’armement françaises est ensuite prévue à l’agenda pour « faire le point sur l’état d’avancement des entreprises sur l’économie de guerre, et évoquer la suite des transformations à adopter dans le contexte géostratégique » actuel. La dernière réunion de ce type remonte au mois de mars 2023..
rfi
