En réponse à une frappe israélienne contre son consulat à Damas le 1er avril dernier, l’Iran a mené, dans la nuit de samedi à dimanche, une attaque massive et sans précédent de drones et de missiles contre l’Etat hébreu. Cette escalade au nom des nationalismes cocardiers et agressifs des protagonistes et de leurs soutiens dans la région et à travers le monde, fait craindre une montée des périls dans ce « Orient compliqué », qui pourrait embraser davantage cette partie du globe déjà en feu avec la guerre meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, déclenchée en octobre dernier et toujours en cours.
Les Iraniens se sont félicités du succès de leur opération inédite qui aurait « atteint tous ses objectifs », alors qu’Israël affirme que 99% des projectiles ont été interceptés et détruits avant qu’ils n’atteignent leurs cibles.
Quoi qu’il en soit, c’est un pallier de plus dans la haine mutuelle que se vouent, depuis des décennies, Israël et l’Iran, et même si ce dernier a estimé, hier matin, que « l’affaire était « close » après sa « riposte » menée contre son ennemi juré « sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense », beaucoup d’observateurs restent convaincus qu’on en restera pas là.
Ce 15 avril 2024 marque le premier anniversaire du déclenchement des combats fratricides au Soudan
Car il y aura inévitablement une réponse du berger israélien à la bergère iranienne dans les prochaines heures, si ce n’est déjà fait au moment où vous lisez ces lignes.
C’est vrai que la Chine, la Russie, l’ONU et l’OTAN ont appelé les deux parties à la retenue, mais il y a très peu de chances que ces appels soient entendus, et pour cause : le Hezbollah libanais et les rebelles Houtis du Yémen tous très proches de Téhéran, sont entrés en action en envoyant concomitamment des salves de roquettes sur les positions israéliennes en guise de solidarité avec les Iraniens, alors que les Etats-Unis et la Grande Bretagne qui disposent d’importants moyens militaires dans la région ont mis leurs troupes en alerte maximale, et prévenu qu’ils ne garderaient pas l’arme au pied si les choses venaient à partir en vrilles et si leur allié israélien était malmené sur le terrain des combats.
On attend de voir si l’engagement militaire d’Israël dans le bourbier palestinien et les enjeux électoraux que cet éventuel conflit pourrait avoir aux Etats-Unis en novembre prochain, sans oublier les risques potentiels de déstabilisation du régime iranien déjà très contesté à l’interne, vont ramener toutes les parties à la raison et éviter au monde entier une autre crise majeure, en plus de celle qui oppose en Europe orientale la Russie à l’Ukraine, ou de la guerre civile qui est en train de transformer le Soudan en un vaste champ de ruines, alors que ce 15 avril 2024 marque le premier anniversaire du déclenchement des combats fratricides dont la capitale Khartoum est l’épicentre.
Avec ce pays pris dans l’engrenage de la violence et dans lequel plus de huit millions de personnes ont été déplacées par les combats, Israël a normalisé ses relations diplomatiques, et a tenté, malgré le tropisme palestinien historique des Soudanais, une médiation sans succès entre les Généraux Al-Burhan et Hemeti.
La communauté internationale doit actionner tous les mécanismes dont elle dispose pour éteindre l’incendie au plus vite
Il n’y a pas de doute que les pays africains, dont certains ont renoué le contact avec Israël après plusieurs décennies de passage à vide, et d’autres connus pour être des amis de l’Iran, vont être impactés par ce nouveau brasier qui est en train de naître au Moyen-Orient, parce que tous les projets de développement ou de partenariat gagnant-gagnant initiés avec ces deux protagonistes seront en standby jusqu’à la fin de la crise en cours.
Evidemment, l’ampleur des effets néfastes de cette guerre probable entre l’Iran et Israël sur les pays d’Afrique et d’ailleurs, dépendra de la durée, de l’intensité et de l’éventuelle extension du conflit.
Mais une chose est sûre, une guerre d’envergure comme on le redoute, serait problématique pour les économies du continent déjà exsangues d’autant qu’elle se déroulera dans une zone qui produit 35% du pétrole et 14% du gaz exportés à travers le monde. En matière d’agriculture et de gestion de l’eau, Israël apporte son savoir-faire à plusieurs pays d’Afrique, tout comme il le fait dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Quant à l’Iran, il a tissé, ces dernières années, des liens commerciaux robustes avec certains Etats comme le Ghana, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, le Zimbabwe et dans une certaine mesure, avec plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest.
Une guerre entre l’Iran et Israël remettra, temporairement, en tout cas, tout cela en cause, et compromettrait certaines initiatives de développement, surtout que l’autre nouveau partenaire qui y étend progressivement ses tentacules, la Russie pour ne pas la nommer, est à la peine en Ukraine et ne pourra pas, de ce fait et dans l’immédiat, être d’un grand secours pour ces pays, économiquement parlant.
En un mot comme en mille, la dangereuse escalade à laquelle on assiste actuellement au Moyen-Orient, risque d’avoir des conséquences imprévisibles pour le monde entier et donc pour les pays africains qui sont eux-mêmes déchirés par des guerres intestines sur fond de rivalités ou de convictions religieuses.
Pour limiter les dégâts, la communauté internationale doit actionner tous les mécanismes dont elle dispose pour éteindre l’incendie au plus vite, au risque de voir la situation échapper à tout contrôle, surtout qu’elle se déroule dans une région du monde hautement inflammable.
Le Pays.