« L’agriculture va mal dans le monde du fait de politiques patronales et capitalistes. Elle n’est pas considérée comme un bien public », a déploré le secrétaire général de l’Union internationale des syndicats de travailleurs de l’agriculture, de l’alimentation, du commerce et similaires (UISTAAC).
Julien Huck s’exprimait lors de la 5ème Conférence annuelle de l’UISTAAC qui se tient du 10 au 14 avril 2024 à Saly au Sénégal. C’est la première fois que cette Conférence qui regroupe 86 pays est organisée hors de Paris.
« C’est la première fois que cette rencontre se tient hors de Paris.
Et nous nous réjouissons du choix de notre pays par le comité exécutif. Le monde est confronté à beaucoup de problèmes. L’alimentation est l’arme des pays développés.
Or, la terre doit revenir à celui qui l’exploite. L’Afrique qui a 52% des terres arables ne doit pas connaître la faim », a déclaré Aliou Ndiaye, le secrétaire général de l’Union des travailleurs du Sénégal lors de la cérémonie d’ouverture de cette 5ème Conférence annuelle retardée par la pandémie du Coronavirus et qui fait suite à la rencontre du comité exécutif tenu à Paris, la capitale française du 11 au 13 mai 2023.
À l’en croire, la souveraineté alimentaire n’existe pas chez nous parce que tout simplement il n’y a jamais eu dans notre pays de bonne politique agricole.
Poursuivant son allocution, Aliou Ndiaye n’a pas mâcher ses mots et reste convaincu de l’existence de l’insécurité alimentaire dans nos cieux. « Chez nous, il y a plutôt une insécurité alimentaire. Toutes les politiques qui se sont succédé ont parlé de souveraineté alimentaire en riz. En fait, notre pays n’est pas prêt à atteindre la souveraineté alimentaire qui nécessite une politique agricole, ce qui n’existe pas.
Une politique agricole va de la formation du producteur à l’écoulement du produit, ce qui n’est pas le cas. On ne peut pas atteindre la souveraineté alimentaire en deux à trois mois ».
Lui emboitant le pas, Julien Huck, secrétaire général de l’Union internationale des travailleurs de l’agriculture, de l’alimentation du commerce et similaire a regretté le fait que « l’agriculture va mal dans le monde du fait de politiques patronales et capitalistes. Elle n’est pas considérée comme un bien public », estimant que pour « inverser la tendance il n’y a que la lutte syndicale qui s’impose ».
« Il y a eu de nombreuses luttes d’organisations syndicales de travailleurs agricoles.
L’exemple le plus récent est celui de l’Inde où 250 mille travailleurs agricoles ont montré leur capacité de mobilisation et ont imposé le recul par rapport à la loi de privatisation des terres », s’est réjoui Julien Huck, déplorant, par ailleurs, le phénomène d’abandon des cultures vivrières au profit des cultures d’exportation qui éloigne l’agriculture des populations.
L’agriculture face aux inégalités extrêmes
Les participant de la 5ème Conférence annuelle de l’Union internationale des travailleurs de l’agriculture, du commerce et similaire ont déploré le fait que « les inégalités extrêmes soient telles que des milliers de personnes se sont retrouvées sans ressources ».
Pour les syndicalistes, « le gouffre béat entre les riches et les pauvres ne cesse de s’approfondir.
Sur les 30 dernières années, le 1% des plus riches a capté 27% de la croissance du revenu mondial. Toutes les 26 heures, il y a un nouveau milliardaire dans le monde depuis le début de la pandémie du coronavirus. À l’opposé, un million de personnes basculent dans la pauvreté toutes les 33 heures ».
« Les pressions s’accentuent sur les peuples.
La crise profonde et indépassable que traverse le système capitaliste pousse l’humanité dans le gouffre. Nous nous affrontons à un système dominant corrompu et pourri, possédant puissance financière, militaire et idéologique. Seules les luttes vigoureuses durables et conscientes permettront de résister et de vaincre », croient-ils savoir.
VivAfrik