Au moins 13 personnes ont été tuées et plus de 60 blessées dans une triple frappe russe mercredi à Tchernihiv, dans le nord de l’Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky met une fois de plus en cause le manque d’aide de l’Occident.
Tchernihiv, grande ville du nord de l’Ukraine, a été touchée, mercredi 17 avril, par une triple frappe russe meurtrière.
« À ce stade, 61 personnes dont deux enfants ont été blessées. 13 personnes ont été tuées », a indiqué le chef de l’administration militaire de la ville, Dmytro Bryjynsky.
Un bilan qui risque de s’alourdir, « des gens étant probablement encore piégés sous les décombres du bâtiment partiellement détruit », a commenté le service d’État pour les situations d’urgence.
Trois personnes ont pu être sorties des décombres et l’opération de sauvetage se poursuit, selon la même source.
Le président Zelensky a souligné que l’Ukraine n’avait pas assez de défenses aériennes pour empêcher cette attaque, sans doute la plus meurtrière contre cette ville historique située à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec la Biélorussie, alliée de la Russie, et à une centaine de kilomètres au nord de Kiev.
« Cela ne serait pas arrivé si l’Ukraine avait reçu suffisamment d’équipements de défense aérienne et si la détermination du monde à résister à la terreur russe avait été suffisante », a martelé le dirigeant ukrainien sur Telegram.
Car la Russie bombarde quotidiennement des villes ukrainiennes à l’aide de missiles et drones explosifs, notamment ses infrastructures énergétiques.
Face à une aide occidentale, en particulier américaine, qui s’essouffle, l’Ukraine connaît un manque croissant de moyens pour intercepter ces engins.
Elle exhorte désespérément ses partenaires à lui livrer davantage d’armements et de systèmes de défense aérienne.
La réticence des alliés a particulièrement frustré Kiev après une attaque aérienne iranienne massive contre Israël ce week-end repoussée avec succès, notamment grâce au soutien militaire occidental, alors qu’une enveloppe cruciale d’aide américaine à l’Ukraine est bloquée depuis des mois au Congrès.
« On avait zéro roquette »
Le président Zelensky a ainsi cité l’exemple d’une grosse centrale thermique près de Kiev, complètement détruite par des missiles russes le 11 avril faute, a-t-il dit, de munitions pour la défense antiaérienne censée la couvrir.
« Il y avait 11 missiles qui volaient. Nous en avons détruit sept. Les quatre restant ont détruit la centrale de Trypillia. Pourquoi ? Parce qu’on avait zéro roquette. Nous étions à court de roquettes pour protéger Trypillia », a-t-il lancé dans une interview publiée mardi.
À Tchernihiv, « trois explosions se sont produites » à 9 h 03 locales (7 h 03 GMT), avait indiqué le maire un peu plus tôt dans la journée à la télévision. C’était une « frappe directe sur un immeuble d’infrastructure sociale ».
Le ministère ukrainien de la Santé a indiqué qu’un établissement sanitaire avait été endommagé.
Six personnes ont été hospitalisées, a-t-il ajouté sur Telegram.
Le gouverneur de la région de Tchernihiv a indiqué que l’attaque avait touché « quasiment » le centre-ville.
Tchernihiv, une des villes les plus anciennes d’Ukraine, fondée il y a plus de 1 000 ans, comptait presque 300 000 habitants avant l’invasion russe en février 2022. Elle avait été lourdement bombardée par l’armée russe au début de cette offensive et une partie de la région avait été occupée pendant plusieurs semaines.
Une base russe attaquée en Crimée
Côté russe, ailleurs, des blogueurs militaires et médias russes ont pour leur part fait état d’une frappe ukrainienne dans la nuit de mardi à mercredi sur la base militaire russe de Djankoï, dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par Moscou en 2014.
Des vidéos présumées de l’attaque, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent d’impressionnantes explosions au milieu de la nuit.
Selon le compte Telegram Rybar, proche de l’armée russe et suivi par des centaines de milliers de personnes, 12 missiles tactiques ATACMS livrés à Kiev par les États-Unis pourraient avoir touché la cible, endommageant des équipements et un bâtiment. « Selon une haute probabilité », ils auraient été tirés depuis la région ukrainienne de Kherson.
Kiev et Moscou n’ont pour l’heure pas commenté le sujet officiellement.
Enfin, fournissant une nouvelle estimation a minima des pertes russes, le site russe indépendant Mediazona et le service russe de la BBC ont dit avoir identifié nommément, à partir d’informations publiques, plus de 50 000 soldats russes tués depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, il y a deux ans.
La partie russe ne communique pas ses pertes. De son côté, le président ukrainien a admis en février la mort de 31 000 militaires.
AFP