Des chercheurs s’intéressent actuellement à l’efficacité des vaccins intranasaux contre les infections au SARS-CoV-2.
La palette actuelle des vaccins contre la COVID-19 protège efficacement contre les formes sévères de la maladie et les décès tout en offrant une protection considérable contre les variants. Cependant, les vaccins autorisés à ce jour ne permettent pas de bloquer à 100 % l’ensemble des infections.
Pour combler cette lacune, les scientifiques s’intéressent à d’autres modes d’administration qui généreraient une immunité renforcée et prolongée contre le SARS-CoV-2. Parmi ces nouvelles méthodes, une approche prometteuse consisterait à remplacer l’injection dans le bras par une pulvérisation nasale.
Ces derniers mois, pendant que certains fabricants préparaient leurs injections de rappel pour une éventuelle troisième dose, une poignée d’études prometteuses a dévoilé l’efficacité des vaccins intranasaux chez les souris, les furets, les hamsters et les primates non humains. Au total, six candidats-vaccins contre la COVID-19 sous forme de spray nasal sont actuellement en phase 1 des essais cliniques.
La semaine dernière, à l’occasion de la réunion de l’American Society for Virology, la société Meissa Vaccines a annoncé qu’une simple dose de son vaccin intranasal contre la COVID-19 donnait des résultats prometteurs chez les primates non humains. D’après les immunologistes, si ces vaccins arrivent sur le marché, ils pourraient offrir une meilleure protection, car leur mode d’administration est plus proche de la façon dont le virus nous infecte naturellement, à travers les muqueuses du nez et des voies respiratoires supérieures, ce qui peut avoir un impact sur la réponse immunitaire.
« Si l’on souhaite générer une réponse immunitaire durable et efficace, il faut vacciner localement, » explique José Ordovas-Montañes, immunologiste à l’université Harvard qui étudie l’immunité dans les muqueuses du nez et des intestins. Comme il nous l’explique, lorsque nous recevons une injection dans le bras, nous générons une immunité à l’échelle de l’organisme où nos anticorps et nos cellules T se répartissent autour des vaisseaux sanguins. Si elle peut paraître bénéfique, cette approche est en fait « sous-optimale », car les cellules immunitaires sont « distraites » de l’endroit où le virus pénètre dans notre corps. À l’inverse, une pulvérisation nasale entraîne une forte réponse immunitaire dans les voies respiratoires supérieures et potentiellement les poumons, ce qui se traduit par une production ciblée d’anticorps et de cellules T. Ainsi, les cellules immunitaires peuvent cerner et détruire l’agent pathogène dès son arrivée.
« Je pense que l’intérêt majeur est de générer une réponse immunitaire sur le site d’infection, » déclare Donna Farber, immunologiste à l’université Colombia. « C’est là que l’immunité est nécessaire, à l’endroit où le virus pénètre l’organisme. »
Une injection dans le bras revient à se vacciner à l’envers. Nous générons une immunité dans l’ensemble de l’organisme et une partie de ces anticorps finit par se frayer un chemin dans les voies respiratoires supérieures et les voies nasales. La vaccination intranasale fonctionne dans l’autre sens en stimulant dans un premier temps le site de l’infection et le reste de l’organisme ensuite. « C’est presque du 2 en 1, » résume Paul McCray, pneumopédiatre à l’université de l’Iowa.
McCray et ses collègues ont récemment publié un article dans la revue Science Advances qui atteste de la protection des souris et des furets contre des maladies graves après une simple dose de vaccin intranasal. Les chercheurs s’apprêtent à lancer leur essai clinique plus tard dans le mois avec 80 adultes en bonne santé âgés de 18 à 75 ans sur trois sites à travers les États-Unis.
PLUS PRATIQUE
La mise au point de vaccins ciblant les muqueuses n’a rien de nouveau, il existe déjà plusieurs vaccins oraux autorisés pour combattre des infections telles que la polio et le choléra. L’objectif de l’administration par voie orale est de préparer les tissus muqueux du tractus intestinal de la même façon que les vaccins intranasaux préparent les voies respiratoires. La plupart du temps, ces vaccins sont plus efficaces que les injections, notamment dans le cas du vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). Cependant, les vaccins intranasaux restent un oiseau rare dans le paysage vaccinal actuel et beaucoup espèrent que cela changera avec la pandémie.
« La COVID a vraiment accéléré le développement de certaines solutions qui étaient pourtant juste sous notre nez, » témoigne David Curiel, chercheur en thérapie génique à l’université Washington de Saint-Louis. Plus tôt cette année, il a publié une étude montrant une réponse immunitaire solide après une seule dose d’un vaccin intranasal chez des primates non humains. Parmi les avantages liés à ce type de vaccins, il cite également une plus grande facilité d’administration, un argument de taille pour les régions du monde au système de santé encore précaire.
Source: nationalgeographic
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