Enclave de Ceuta : deux passeurs ayant forcé des migrants à se jeter à l’eau condamnés à neuf ans de prison

Deux hommes, pilotes d’un bateau de migrants, ont été condamnés à neuf ans de prison chacun. Le 24 janvier 2023, ils avaient forcé les passagers de l’embarcation à se jeter à l’eau au large de l’enclave espagnole au Maroc. Quatre d’entre eux s’étaient noyés.

Deux pilotes d’embarcation ont été condamnés à neuf ans de prison chacun pour leur implication dans la mort, par noyade, de quatre migrants marocains, en janvier 2023. Ils devront également verser une amende de 205 700 euros aux familles des défunts.

Les deux prévenus, originaires de l’enclave espagnole et du Maroc, ont reconnu leur culpabilité dans les événements, ce qui a permis une médiation et d’éviter un procès, indique l’agence de presse EFE.

Les faits se sont déroulés le 24 janvier 2023. Le bateau était parti de Ceuta, et avait récupéré à Fnideq, au Maroc, neuf migrants marocains. Alors qu’ils longeaient la côte pour revenir dans l’enclave, une tempête s’est déclarée, rendant la navigation très difficile.

Les deux pilotes ont alors forcé les passagers à se jeter à l’eau près de Sarchal, une plage de Ceuta. Aucun ne portait de gilet de sauvetage.

Fnideq, au Maroc, se trouve à quelques kilomètres seulement de l'enclave espagnole de Ceuta. Crédit : Google maps

Cinq ont réussi à gagner le rivage.

Mais quatre autres, Mohamed Jaouharay, Yousef El Kadi, Mohamed El Khamlichi et Bilal Tnin, âgés de 21 à 26 ans, se sont noyés, précise El Faro de Ceuta. Leurs corps ont été retrouvés quelques jours plus tard sur différentes plages de Ceuta.

Les deux pilotes ont finalement été arrêtés en mars 2023 par la Guardia civile après une enquête, basée sur des vidéos enregistrées à bord par les passagers eux-mêmes.

Des corps retrouvés
Ceuta est, avec Melilla, la seule frontière terrestre de l’Union européenne sur le continent africain. Depuis des années, elle constitue donc une porte d’entrée pour les migrants marocains et subsahariens qui tentent de rejoindre l’Europe.

Ces dernières semaines, de nombreux candidats à l’exil ont tenté d’atteindre l’enclave à la nage. Les exilés, marocains pour la plupart, quittent la plage marocaine de Belyounech et parcourent dans l’eau les 7 km qui la séparent de Benzu. D’autres tentent une traversée similaire de l’autre côté de Ceuta, via Tarajal.

Malgré la courte distance qui sépare Ceuta du Maroc, la traversée à cet endroit reste très dangereuse.

Le 8 avril un cadavre a été récupéré au milieu des rochers. Le 31 mars, le corps d’un jeune homme maghrébin a été également retrouvé sur une plage de Ceuta. Il portait une combinaison de plongée et des palmes, équipement porté par de nombreux exilés marocains qui s’engagent dans cette traversée. Le 9 mars encore, un énième exilé, d’origine marocaine, avait été retrouvé au large.

Ceuta via la clôture
D’autres migrants, majoritairement subsahariens, tentent d’entrer dans l’enclave par la frontière terrestre. Le 10 avril, un groupe d’une centaine d’exilés subsahariens s’est présenté devant la haute clôture métallique. Alertée par les autorités marocaines, la Guardia civil a alors déployé une « opération spéciale » pour empêcher l’entrée de ces personnes.

Des militaires quadrillent la zone frontalière entre Ceuta et le Maroc, le 20 mai 2021. Crédit : Reuters

Douze d’entre elles ont tout de même réussi à escalader la clôture et se sont retrouvées coincées au sommet. Une équipe de pompiers est alors intervenu pour les faire descendre.

Aucun migrant n’a finalement posé le pied sur le territoire espagnol.

D’après le ministère de l’Intérieur espagnol, entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, 798 arrivées ont été enregistrées à Ceuta contre 199 en 2023, soit 301 % de plus.

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