La relation Israël/États-Unis est particulièrement agitée, sur fond de guerre meurtrière dans la bande de Gaza. Ces derniers jours, Washington a débloqué une nouvelle aide militaire de 13 milliards de dollars pour Israël, mais ce montant faramineux ne dissimule pas l’étendue des désaccords entre les deux alliés.
Ce gros chèque américain a été totalement occulté par une autre information en provenance de Washington : pour la première fois les États-Unis pourraient sanctionner un bataillon de l’armée israélienne pour des exactions commises contre des Palestiniens, en Cisjordanie, en 2022. Et donc bien avant la guerre à Gaza.
Il n’y a pas encore d’annonce officielle aux États-Unis, mais déjà une tempête politique en Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahu se disant prêt à « se battre » contre ces sanctions.
« Il y a quand même des lignes rouges qu’on ne dépasse pas et, pour moi, justement, cette idée-là de sanction contre une unité militaire, c’est quand même une ligne rouge, commente Boaz Bismuth, député israélien du Likoud, le parti de droite de Netanyahu. Et là, je pense que les Américains, un petit peu, entrent dans un domaine qui n’est pas le leur.
Je pense que le rôle d’Israël est de dire aux Américains : là, il y a une ligne rouge que vous avez dépassée. Moi, je pense que la relation est très forte, la relation peut même encaisser des mésententes qui peuvent être lourdes, comme celle-là, mais c’est quand même du jamais vu. »
Au fil des semaines, les États-Unis tentent de concilier pression et soutien à Israël, soutien en armement, soutien militaire direct, même, lorsque Israël a été visé par des missiles et des drones iraniens il y a huit jours et que l’armée américaine est entrée en action pour abattre ces engins.
Le pari risqué de Washington
Mais des pressions qui se matérialisent effectivement, notamment lorsque les États-Unis sanctionnent des colons israéliens violents. La semaine dernière encore, la liste des personnes et des organisations visées par ces sanctions a été allongée. Le pari de l’administration Biden, semble-t-il, est d’exercer principalement ses pressions sur le Premier ministre israélien et ses alliés d’extrême droite.
Pari risqué, comme le note la sociologue israélienne Perle Nicole-Hassid : « Les Israéliens, comme n’importe quel peuple au monde, je pense, quand ils ont l’impression qu’on dicte à leur gouvernement sa conduite de l’extérieur, leur réponse, c’est une réponse nationaliste de base. Et, en fait, ils ont envie que leur gouvernement réponde à leurs besoins à eux et pas forcément à ceux de leurs alliés à l’étranger.
Et donc, de fait, certaines pressions internationales sont complètement contre-productives, parce qu’en fait, elles ne font que renforcer le gouvernement israélien. »
Depuis des semaines, le Premier ministre israélien Netanyahu promet une offensive d’envergure sur Rafah dans la bande de Gaza et les États-Unis ne cessent de dire qu’ils y sont opposés. C’est à Rafah que se mesure aujourd’hui la capacité de Washington à peser ou non sur la conduite de la guerre par Israël.
rfi