Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé en Chine mercredi pour sa deuxième visite en moins d’un an, avec pour mission d’augmenter la pression sur Pékin concernant différents dossiers, comme ses pratiques commerciales où son soutien à la Russie, tout en cherchant une plus grande stabilité.
Les États-Unis poursuivent leurs efforts de réconciliation avec la Chine, sans oublier les dossiers sensibles. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a atterrit à Shanghai, mercredi 24 avril, sa deuxième en moins d’un an, avec pour mission d’augmenter la pression sur Pékin, tout en cherchant une plus grande stabilité.
Le chef de la diplomatie américaine aura vendredi des entretiens avec les dirigeants chinois à Pékin, lors desquels il devrait plaider pour la retenue alors que Taïwan s’apprête à investir un nouveau président.
Il devrait aussi faire part des préoccupations américaines sur les pratiques commerciales de la Chine, que Washington juge anticoncurrentielles, une question essentielle pour le président Joe Biden en cette année électorale.
Antony Blinken est aussi en Chine pour apaiser les tensions entre les deux plus grandes économies du monde. Celles-ci se sont nettement atténuées depuis la visite de Antony Blinken en juin.
Ce déplacement avait été suivi par une rencontre entre Joe Biden et le président chinois, Xi Jinping, à San Francisco en novembre, débouchant sur une reprise des contacts entre leurs deux armées et une coopération dans la lutte contre la fabrication du fentanyl, qui fait des ravages chez les toxicomanes aux États-Unis.
Antony Blinken entamera sa visite mercredi à Shanghai où il rencontrera des étudiants et des chefs d’entreprise.
Cette étape, destinée à faire état des liens chaleureux entre Américains et Chinois, est la première à Shanghai d’un secrétaire d’État américain depuis Hillary Clinton en 2010.
La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a également visité la ville industrielle de Canton avant de se rendre à Pékin au début du mois.
Les relations sino-américaines se trouvent à un « stade différent de celui où nous étions il y a un an, lorsque les relations bilatérales étaient à un niveau historiquement bas », a relevé un haut responsable américain avant la visite d’Antony Blinken.
« Nous pensons également, et nous l’avons clairement démontré, qu’une gestion responsable de la concurrence ne signifie pas que nous devons renoncer à prendre des mesures pour protéger les intérêts nationaux des États-Unis », a-t-il déclaré.
Russie, pratiques commerciales et question ouïghoure au menu
La volonté du gouvernement de Joe Biden à collaborer avec la Chine contraste fortement avec les efforts déployés pour isoler la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Si Pékin ne fournit pas directement d’armes à la Russie, Washington a accusé ces dernières semaines la Chine de fournir des matériaux et des technologies à double usage à Moscou qui facilitent son effort de réarmement, le plus important depuis l’époque soviétique.
« Si la Chine veut avoir d’un côté des relations amicales avec l’Europe et d’autres pays, elle ne peut pas alimenter d’un autre côté ce qui est la plus grande menace contre la sécurité européenne depuis la fin de la guerre froide », a déclaré Antony Blinken vendredi à l’issue d’une réunion du G7 à Capri, en Italie.
À quelques mois d’une nouvelle élection opposant Joe Biden à Donald Trump, qui s’était fait le champion d’une ligne dure à l’égard de la Chine, Washington n’a pas ménagé ses critiques envers Pékin. Début avril, Joe Biden a accusé les secteurs chinois de l’aluminium et de l’acier de « tricher » dans le jeu de la concurrence grâce à de généreuses subventions, et promis un relèvement des droits de douane.
Avant de s’envoler pour la Chine, Antony Blinken a à nouveau accusé Pékin de se livrer à un « génocide » contre la minorité ouïghoure, majoritairement musulmane.
Une allégation, rejetée par Pékin, que l’administration Trump avait été la première à formuler. Yun Sun, chercheuse au Stimson Center établi à Washington, observe que les dirigeants chinois sont dans l’attente avant les élections américaines.
« Les Chinois comprennent qu’il est peu probable que l’administration Biden apporte de bonnes nouvelles sur le plan commercial, car cela ne correspond pas au programme électoral », a-t-elle déclaré.
Pour les dirigeants chinois, cette année, « la priorité est de maintenir la stabilité des relations ». « Tant qu’il n’y aura pas de clarté sur la prochaine administration, je ne pense pas qu’ils voient de meilleure stratégie », a-t-elle ajouté.
AFP