Le Congrès américain adopte un plan d’aide très attendu par l’Ukraine

Le Sénat américain a approuvé, mardi, une enveloppe de 95 milliards de dollars destinée à l’Ukraine, Israël et Taïwan. La part du lion revient à Kiev avec 61 milliards de dollars. Ce plan avait été adopté quelques jours plus tôt à la Chambre des représentants.

Au terme de mois de tractations extrêmement tendues et laborieuses, le Congrès américain a finalement adopté, mardi 23 avril, un énorme plan d’aide à l’Ukraine.

L’enveloppe de 95 milliards de dollars, qui comprend également des fonds pour Israël, Taïwan a été approuvée par le Sénat.

Cet énorme programme d’assistance militaire et économique, réclamé depuis des mois par le président Joe Biden, bénéficie du soutien d’élus des deux bords. Il a déjà été approuvé samedi à la Chambre des représentants, théâtre de longues et difficiles négociations.

« Enfin, enfin, enfin. Ce soir, après plus de six mois de travail acharné, et de nombreux rebondissements, l’Amérique envoie un message au monde entier : nous ne vous tournerons pas le dos », a applaudi le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.

Juste après ce vote, le président américain, Joe Biden, a annoncé qu’il allait promulguer le texte.

« Je signerai cette proposition de loi et m’adresserai au peuple américain dès qu’elle arrivera sur mon bureau demain (mercredi), afin que nous puissions commencer à envoyer des armes et du matériel à l’Ukraine cette semaine », a-t-il déclaré.

Le Congrès a répondu à « l’appel de l’histoire » avec cette loi qui vise à « renforcer notre sécurité nationale et à envoyer au monde un message sur la puissance du leadership américain », a-t-il ajouté dans un communiqué de la Maison Blanche.

Une excellente nouvelle pour le président ukrainien, qui réclamait ardemment l’aide de ses alliés.

« Je suis reconnaissant envers le Sénat des États-Unis pour avoir approuvé une aide vitale pour l’Ukraine aujourd’hui », a écrit Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux peu après l’adoption de la gigantesque enveloppe d’assistance.

Ces fonds sont le résultat de mois de négociations extrêmement acrimonieuses, d’allées et venues du président ukrainien à Washington, et de pressions d’alliés à travers le monde. Ils ont même coûté à un chef républicain son poste.

Un soutien à Kiev longtemps débattu
La part du lion revient à Kiev, qui fait face à une situation compliquée sur le champ de bataille face à la Russie : 61 milliards de dollars sont consacrés à la guerre en Ukraine.

L’assistance militaire américaine, interrompue depuis plusieurs semaines, devrait reprendre quasiment dans la foulée – d’ici « les prochains jours », a indiqué mardi le porte-parole du Pentagone.

L’adoption de ce plan d’aide est un soulagement pour l’armée ukrainienne, confrontée à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions, face aux pressions constantes des troupes russes à l’est.

Les États-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev, mais le Congrès n’avait pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis près d’un an et demi – principalement en raison de querelles partisanes.

Le président américain et le Parti démocrate sont restés favorables à cette aide, présentée comme un investissement dans la sécurité des États-Unis face, selon eux, aux visées agressives de la Russie.

Les républicains, emmenés par Donald Trump, sont devenus de plus en plus réticents, et le patron conservateur de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a longtemps bloqué le texte.

Le chef républicain au Congrès a fini par soutenir la reprise de l’aide militaire et économique, avec cette justification : « Je préfère envoyer des munitions à l’Ukraine qu’envoyer nos garçons se battre. »

Ce plan d’aide autorise aussi le président Biden à confisquer et à vendre des actifs russes pour qu’ils servent à financer la reconstruction de l’Ukraine. Une idée qui fait son chemin auprès d’autres pays du G7.

Ultimatum à TikTok, accusée d’espionnage
Une grande partie de l’enveloppe servira par ailleurs à reconstituer les stocks de l’armée américaine et reviendra aux usines d’armement aux États-Unis.

Parmi les autres volets du grand plan : une nouvelle aide militaire de plusieurs milliards de dollars pour Israël, en guerre avec le Hamas, malgré les inquiétudes de la communauté internationale sur le sort des civils à Gaza. Ces fonds serviront notamment à renforcer le bouclier antimissile israélien, baptisé « Dôme de fer ».

Plus de 9 milliards de dollars sont par ailleurs prévus pour répondre au « besoin urgent d’aide humanitaire » de « populations vulnérables dans le monde », notamment à Gaza et au Soudan.

Comme Joe Biden l’avait réclamé, cette loi consacre 8 milliards de dollars pour tenir tête à la Chine sur le plan militaire en investissant dans les sous-marins, et venir en aide à Taïwan.

Elle prévoit aussi l’interdiction de TikTok aux États-Unis, à moins que le réseau social ne coupe ses liens avec sa maison-mère ByteDance, et plus largement avec la Chine.

La plateforme de vidéos est accusée de permettre à Pékin d’espionner et de manipuler ses 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis. Sa potentielle interdiction risque toutefois d’être contestée en justice.

AFP

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