Ukraine: la nouvelle loi de mobilisation va-t-elle réussir à relancer l’armée?

En Ukraine, les débats se poursuivent sur la manière, mais aussi les méthodes à observer, pour mobiliser plus de soldats dans les rangs de l’armée. Après deux ans de guerre, et des pertes au nombre officiellement inconnu mais sans aucun doute considérables, les volontaires sont forcément bien moins nombreux qu’en 2022.

Dans ce contexte, le 18 avril, le président Volodymyr Zelensky a promulgué un texte de loi réformant la mobilisation. Mais est-ce que cela va suffire à apporter du sang neuf dans les rangs de l’armée ?

La nouvelle législation en Ukraine va permettre d’abaisser le seuil de l’âge minimal de mobilisation, de 27 ans à 25 ans, et selon les experts, cela permettra, mécaniquement, de recruter 300 000 soldats supplémentaires dans les mois à venir.

La moyenne d’âge de l’armée ukrainienne est relativement élevée – 43 ans – et le président Volodymyr Zelensky a estimé ces derniers jours que des hommes de 25 ans étaient en meilleure forme physique que des quadragénaires, mais aussi que l’armée avait besoin des compétences intellectuelles et technologiques de la nouvelle génération.

Maintenant, l’État ukrainien, qui est une démocratie et qui se doit de respecter les droits individuels, ne peut pas enrôler de manière forcée. Tout se fera de manière progressive, mais dans les semaines à venir, des milliers de jeunes hommes vont recevoir des lettres de convocation à l’armée.

Inciter les Ukrainiens de l’étranger à rentrer dans les rangs

En ce qui concerne les Ukrainiens présents à l’étranger, les autorités sont aussi obligées de durcir le ton. Ce lundi, à titre d’exemple, le ministère des Affaires étrangères ukrainien a donné instruction à ses ambassades de suspendre toute assistance consulaire pour ses ressortissants, âgés de 18 à 60 ans, qui se trouvent à l’étranger.

Selon le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, il n’est pas normal, et juste, que ces hommes soient pris en charge par les consulats alors qu’ils sont partis ou restés à l’étranger, montrant « qu’ils ne se souciaient pas de la survie de l’État ukrainien ».

Il s’agit là d’inciter des dizaines de milliers d’Ukrainiens de l’étranger à revenir au pays pour servir sous les drapeaux, mais également d’un signal pour tous ceux qui souhaiteraient échapper à leurs responsabilités.

Peu d’enthousiasme et beaucoup de résignation
De manière générale, la motivation des Ukrainiens à servir dans l’armée a baissé, forcément, car les hommes et les femmes qui avaient la volonté farouche de se battre se sont engagés en 2022 pour défendre la patrie en danger, et rejoindre l’armée aujourd’hui c’est la perspective de se retrouver dans les tranchées, avec la possibilité de ne pas en revenir.

Néanmoins, beaucoup d’hommes de tous âges, sans enthousiasme, avec parfois beaucoup de résignation, se préparent mentalement à prendre les armes, par sens du devoir et par égard pour ceux qui se sont déjà sacrifiés.

D’ailleurs, cette semaine, le colonel Oleksandr Pivnenko, un chef de la Garde nationale, a déclaré s’attendre à une forte mobilisation et à une vague de volontaires, si la pression russe s’intensifie. Selon lui, c’est ainsi que la société ukrainienne est organisée. Plus la pression extérieure est forte, plus elle réagit au danger, se mobilise et fait preuve d’unité.

rfi

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