Le gouvernement argentin a demandé mardi 23 avril au Pakistan et au Sri Lanka d’arrêter le ministre iranien de l’Intérieur Ahmad Vahidi, recherché pour l’attentat contre la mutuelle juive Amia à Buenos Aires en 1994. Considéré comme le cerveau de l’attaque le plus grave de l’histoire du pays, il effectue actuellement une tournée dans ces deux pays.
« L’Argentine demande l’arrestation internationale des responsables de l’attentat à la bombe de 1994 contre l’Amia [Association mutuelle israélite argentine – NDLR], qui a causé la mort de 85 personnes, et qui continuent à leurs postes de pouvoir en toute impunité », a écrit le ministère argentin des Affaires étrangères dans un communiqué.
« L’un d’entre eux est Ahmad Vahidi, réclamé par la justice argentine comme étant l’un des responsables de l’attentat contre l’Amia. Cet individu est actuellement ministre de l’Intérieur de la République islamique d’Iran et fait partie d’une délégation gouvernementale qui se rend ces jours-ci au Pakistan et au Sri Lanka », poursuit le texte.
« L’Argentine a demandé son arrestation aux gouvernements du Pakistan et du Sri Lanka conformément aux mécanismes prévus par Interpol », ajoute-t-il.
Le général Vahidi est ministre de l’Intérieur depuis 2021, après avoir été ministre de la Défense. Au moment de l’attentat de Buenos Aires, il dirigeait la Force al-Qods, l’unité chargée des opérations secrètes au sein des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime iranien.
L’attentat de l’Amia, le 18 juillet 1994, a été attribué par la justice argentine et par Israël au régime iranien et au mouvement chiite libanais Hezbollah, son allié. L’Iran a nié toute implication et a toujours refusé que les huit anciens responsables inculpés par la justice argentine, dont le général Vahidi et l’ex-président Ali Rasfanjani, soient interrogés.
Avant l’Amia, l’ambassade d’Israël à Buenos Aires avait été la cible en 1992 d’un attentat qui avait fait 29 morts et 200 blessés. L’Iran avait également été mis en cause.
En 2013, la présidente argentine de l’époque Cristina Kirchner avait signé un protocole d’accord avec l’Iran pour créer une « commission de la vérité » destinée à enquêter sur l’attentat. Le protocole voulait également permettre aux procureurs argentins de se rendre à l’étranger pour interroger les inculpés.
Cet accord a été ratifié par le Congrès argentin, mais jamais par le Parlement iranien.
Il avait été fustigé par les dirigeants de la communauté juive en Argentine, qui ont accusé Cristina Kirchner de couvrir les auteurs de l’attentat. Une enquête judiciaire ouverte à ce sujet en 2015 s’est toutefois conclue par un non-lieu en 2021.
rfi