Ce n’est pas la journée internationale la plus connue : ce 25 avril marque celle des manchots et des pingouins. La revue Antarctic Science en profite pour publier une étude alarmante sur la reproduction des manchots empereurs.
À la différence de leurs cousins les pingouins qui vivent dans l’hémisphère nord, les manchots ne volent pas et habitent l’hémisphère sud, notamment en Antarctique. Relativement épargné jusqu’à quelques années, le continent blanc est aujourd’hui rattrapé par les effets du réchauffement climatique.
Ce n’est pas sans conséquences pour la faune qui y vit et notamment les manchots empereurs.
Les auteurs de l’étude de la revue Antarctic Science ont en effet observé une surmortalité de leurs enfants. Ils ont en effet pour habitude de grandir auprès de leurs parents sur les étendues de banquise proches des côtes. Cependant, année après année, cette banquise est de moins en moins étendue.
Ainsi, fin 2023, au moment de l’entrée dans l’été austral, un nouveau record à la baisse a de nouveau été battu.
La conséquence est lourde pour les manchots empereurs : la glace où ils élèvent leurs petits est plus fragile, et se casse plus facilement. Les bébés doivent alors se jeter à l’eau alors qu’ils ne possèdent pas encore leur plumage d’adulte, imperméable, qui les protège du froid de l’eau, et peuvent en mourir.
Extinction de l’espèce d’ici à la fin du siècle
Sur les 66 colonies de plusieurs dizaines de milliers d’individus recensées en Antarctique, une sur cinq a été confrontée au phénomène l’an dernier. Certaines d’entre elles ont même perdu tous leurs petits pour cette raison.
Cela se répète désormais d’année en année : des sites de reproduction vont devenir inutilisables, et la population totale de manchots empereurs va commencer à décroître. Cela est d’ailleurs anticipé par les différentes projections climatiques. Au niveau actuel d’émissions de gaz à effet de serre, avec le réchauffement associé, on estime ainsi que ce seront 99% des manchots empereurs, autant dire la totalité de l’espèce, qui auront disparu d’ici à la fin du siècle.
Cela marquerait alors l’extinction d’une espèce parmi les plus connues et emblématiques du règne animal.
Les auteurs de l’étude soulèvent tout de même quelques motifs d’espoir. Tout d’abord, le simple respect des engagements climatiques pris par les États pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre jouera un rôle dans la préservation de la banquise et donc de l’espèce.
Par ailleurs, les manchots n’attendent pas les actions des humains pour commencer à s’adapter à ces nouvelles conditions.
Les scientifiques ont ainsi observé que certaines des colonies les plus touchées ont commencé à changer d’endroit pour élever leurs enfants ; les parents cherchent de la glace plus solide, par exemple.
Cependant, la tendance reste très mauvaise. Les années 2022 et 2023 ont ainsi battu coup sur coup les records de plus faible superficie de la banquise Antarctique, qui est alors pour la première fois passé en dessous de la limite de 2 millions de km² lors de la période estivale.
rfi