RDC: pourquoi l’annonce du gouvernement prend du temps

La nouvelle Première ministre de RDC, Judith Suminwa, nommée le 1er avril, n’a toujours pas pris officiellement ses fonctions. Trois semaines après sa désignation par le président Félix Tshisekedi, elle est toujours en consultations pour former son nouveau gouvernement. Il était annoncé pour la fin du mois, mais ce délai semble de plus en plus difficile à tenir.

Officiellement, il n’y a pas de délai constitutionnel pour former un gouvernement en République démocratique du Congo. On ne peut pas parler de retard concernant son annonce, néanmoins, des sources proches des autorités assuraient que la nouvelle équipe gouvernementale de RDC devait être dévoilée avant la fin du mois d’avril.

Un délai qui semble aujourd’hui difficile à tenir. L’agenda du chef de l’État est particulièrement chargé pour les jours à venir avec notamment un déplacement de plusieurs jours en Europe et un voyage officiel en France les 28 et 29 avril. Le premier depuis son arrivée au pouvoir. Le président sera accompagné des ministres sortants.

« Le gouvernement, ce sera plutôt à son retour, probablement autour du 3 mai », explique un proche de la présidence.

L’une des difficultés pour former ce nouveau gouvernement est dû à la nature même de l’Union sacrée de la nation (USN), la plateforme qui a porté la candidature de Félix Tshisekedi pour ce deuxième mandat. Sa principale qualité est aussi parfois son défaut : elle est gigantesque. « Éléphantesque », estime un politologue congolais. Au moins 400 élus, près de 40 partis avec une large majorité à l’Assemblée nationale certes, mais beaucoup d’attente de la part de tous ces alliés.

Vers un cabinet resserré
Des attentes qui ne sont pas forcément alignées sur l’ambition affichée d’avoir un cabinet ministériel resserré. On évoque 45 postes contre plus de 55 aujourd’hui. Même si le travail avait été en amont défriché par le secrétaire général de l’UDPS Augustin Kabuya lors sa mission d’information, la Première ministre Judith Suminwa à ses propres idées.

Elle a donc repris un cycle de consultations, assez large puisque cette semaine, elle a rencontré des artistes, des organisations syndicales et d’autres acteurs de la société civile.

Les partis qui peuvent prétendre à un poste au gouvernement, il faut avoir au moins sept élus, doivent proposer trois noms de candidats potentiels par poste, venus de trois provinces différentes. Une répartition provinciale équilibrée est, en effet, un des éléments clés du puzzle gouvernemental.

Enfin, dernier aspect, lié au respect des institutions, Judith Suminwa pour commencer son travail doit être présentée à l’Assemblée nationale, pour cela, il faut installer le bureau et ce n’est pas simple non plus de ce côté-là.

La majorité présidentielle a dû organiser une primaire pour parvenir à faire émerger son candidat à la présidence de l’institution. Primaire qui s’est tenue au Palais du peuple de Kinshasa, le Parlement congolais, ce mardi et qui a vu la victoire de Vital Kamerhe.

Pour le politologue Christian Moleka, ce qui a conduit à cette primaire, c’est « la difficile gestion des ambitions ».

Ce que ne cachait pas du tout Augustin Kabuya qui a signé la convocation des députés pour cette primaire : « Les candidats n’arrivaient pas à se mettre d’accord », a-t-il confié à RFI.

« Malaise au sein de l’Union sacrée »
Trois candidats pour un seul poste. D’un côté, Vital Kamerhe, à la tête de la seconde force politique à l’Assemblée, après l’UDPS, originaire de l’Est, élément important, car le président et la Première ministre sont eux de l’Ouest, il cochait toutes les cases pour prétendre au perchoir. Mais Modeste Bahati, président sortant du Sénat, lui aussi de l’Est et à la tête d’une formation avec une trentaine d’élus, se voyait bien changer de chambre.

Alors que Christophe Mboso, président sortant de l’Assemblée, espérait rester en poste.

Le chef de l’État Félix Tshisekedi n’a pas tranché, en tout cas pas officiellement. « Vouloir laisser l’arbitrage par les élus est révélateur de l’indécision et de malaise qu’il y a au sein de l’Union sacrée », ajoute Christian Moleka. Et ce n’est pas fini, puisqu’il reste plusieurs postes à pourvoir au sein du bureau de l’Assemblée nationale.

L’UDPS, qui n’a donc pas eu la présidence, vise la vice-présidence. Pour quel candidat ? Une question à laquelle il n’y a pas encore de réponse. Ça ne sera pas Augustin Kabuya qui a un temps annoncé vouloir briguer cette fonction, mais qui est depuis revenu sur cette décision.

rfi

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