Initialement programmées pour le 20 avril dernier, c’est finalement ce jour, lundi 29 avril, qu’auront lieu les élections législatives et régionales au Togo.
Au total, 4,2 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales sont convoqués aux urnes pour choisir 113 députés parmi 2348 candidats et 179 conseillers issus de 284 listes. Ce scrutin revêt une importance particulière pour deux principales raisons. Primo, c’est la première fois que des régionales sont organisées dans ce pays. Secundo, le renouvellement de l’hémicycle intervient après une révision constitutionnelle qui continue de faire couler beaucoup d’encre.
Dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 avril, les élus de la législature sortante ont, en effet, voté à l’unanimité des présents un projet de modification de la loi fondamentale qui fait passer le Togo de la IVe république à la Ve en instituant le régime parlementaire en lieu et place du régime présidentiel jusque-là en vigueur.
Depuis son adoption par référendum en 1992, c’est la quatrième fois après 2002, 2007 et 2019 que la loi fondamentale togolaise passe au billard politique. Fini donc, l’élection du président au suffrage universel direct !
Désormais, l’occupant du palais présidentiel sera élu « sans débat » par le Parlement, réuni en congrès « pour un mandat unique de six ans », et aura des prérogatives essentiellement honorifiques.
L’innovation majeure réside dans la création de la fonction de président du Conseil des ministres. « Désigné » par le Parlement, celui-ci sera « le chef du parti ou le chef de file de la coalition de partis majoritaire à l’issue des élections législatives » et la réalité du pouvoir sera entre ses mains.
Pour l’Union pour la république (UNIR) et les partisans du régime, il s’agit notamment d’améliorer le fonctionnement de la démocratie par un rééquilibrage des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif. Faux, rétorquent leurs adversaires, qui y voient une façon déguisée, sur fond de violation de l’ancienne Constitution, de jouer les prolongations à un an du terme du mandat actuel de Faure Essozimna Gnassingbé.
Pour ainsi dire, c’est presque une élection présidentielle qui se tient aujourd’hui, comme l’a du reste avoué, lors d’un meeting, Gilbert Bawara.
« Nous l’avons fait (Ndlr : la réforme constitutionnelle) avant l’échéance électorale parce que nous avons du respect pour la population togolaise et pour les acteurs politiques. Il faut que tout le monde connaisse les enjeux de la prochaine élection avant d’y aller. En votant pour élire les députés, nous votons en même temps pour le président Faure », a en effet déclaré le ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social. Les choses sont au moins claires.
Plus que des législatives, c’est donc une présidentielle qui se tient et cette entrée dans une nouvelle ère politique aura été le fil rouge de la campagne, qui s’est terminée samedi dans une ambiance somme toute pacifique. Hormis en effet les invectives, bien normales en pareilles circonstances, et quelques heurts localisés, le climat était assez serein.
Il s’agit maintenant de faire perdurer cette sérénité au cours de cette journée électorale, surtout pendant le dépouillement et après la proclamation des résultats pour éviter les lendemains électoraux surchauffés auxquels bien des pays africains sont, hélas, habitués.
L’Observateur Paalga.