Au Mali, l’armée annonce avoir tué Abu Huzeifa. Surnommé Higgo, cet important chef jihadiste de l’État islamique au Sahel (EIS) a été tué au matin du dimanche 28 avril, au cours d’une opération menée au sud-est d’Indelimane, dans le Nord, près de la frontière nigérienne. L’information avait commencé à circuler dimanche, mais n’avait pas été confirmée de source officielle.
Pour l’armée malienne et ses supplétifs russes de Wagner, cette élimination est un incontestable succès.
Abu Huzeifa était un commandant militaire du groupe État islamique au Sahel, dans la zone des trois frontières Mali-Niger-Burkina.
Son principal fait d’armes ? Celui d’avoir pris part à l’attaque de Tongo Tongo, en 2017, au Niger, au cours de laquelle quatre soldats américains des forces spéciales et quatre soldats nigériens avaient été tués. Sur l’une des rares photos de lui en circulation, il pose d’ailleurs avec une arme volée aux soldats américains lors de cette attaque.
Les États-Unis avaient ensuite mis sa tête à prix, offrant jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information permettant de le localiser.
Pourvu d’une notable très longue barbe, surnommé Higgo ou Higgo El Maghribi, Abu Huzeifa était « vraisemblablement » d’origine sahraouie, selon plusieurs spécialistes, comme son ancien chef Adnan Abou Walid al-Sahraoui, émir de la branche sahélienne de l’organisation État islamique, tué en août 2021 par l’armée française.
« La mort et la terreur », voilà à quoi les populations associent son nom, témoigne Moussa ag Acharatoumane, chef communautaire touareg daoussak, de la région de Ménaka où Higgo et ses hommes étaient actifs.
Également chef du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), groupe armé local allié des forces maliennes et membre du Conseil national de transition, Moussa Ag Acharatoumane a été le premier à annoncer la mort d’Abu Huzeifa, dès dimanche, sur les réseaux sociaux, avant que l’armée ne la confirme officiellement.
« C’est un énorme soulagement pour nous et pour tous les déplacés et réfugiés », se réjouit encore Moussa Ag Acharatoumane.
Il y a deux ans, en mars 2022, le groupe État islamique avait lancé une vaste offensive dans la région de Ménaka, massacrant, selon les estimations locales, plus d’un millier de personnes et incendiant de nombreux villages.
Aujourd’hui, la quasi-totalité de la région de Ménaka et une partie de la région de Gao sont sous le contrôle du groupe État islamique au Sahel (EIS) qui vient donc de perdre l’un de ses piliers dans la zone.
Reste à mesurer les conséquences de cette élimination, dans la durée. Lorsqu’ils étaient encore présents au Sahel, les militaires français ont tué ou capturé plusieurs cadres de la branche sahélienne du groupe État islamique, ce qui a contribué à désorganiser le groupe jihadiste sur le moment, sans diminuer pour autant ses actions sur le long terme.
RFI.